Valérie Boyer et Daniel Goudineau : « Avec près de 60 coproductions par an, France Télévisions est un acteur important du financement du cinéma français »
Pour la dernière rencontre organisée pour cette édition 2015 du Festival de Cannes, la SACD a reçu sur son stand Valérie Boyer, directrice générale de France 2 Cinéma, et Daniel Goudineau, directeur général de France 3 Cinéma.D’emblée, ils ont insisté sur les différences entre le service public et les chaînes privées : alors que ces dernières ont comme ligne principale de choisir des films qui pourront nourrir l’antenne, France Télévisions a des missions plus larges : encourager le cinéma d’auteur, soutenir les jeunes talents… L’organisation mise en place est également distincte : France Télévisions a créé des filiales qui jouissent d’une grande autonomie et qui ne sont pas liées aux logiques d’acquisition et de programmation des chaînes.
Avec près de 60 coproductions chaque année pour une enveloppe globale de 60 millions d’euros, France Télévisions est un acteur important du financement du cinéma en France. Les logiques éditoriales de France 2 et France 3 ne sont pas éloignées : un soutien affirmé aux premiers et seconds films ; une grande diversité dans les choix ; l’accompagnement des grands noms du cinéma européen (Polanski, Sorrentino, Haneke, Morreti..).
Côté France 3 qui a investi l’an dernier dans 28 films pour un montant de 22 millions d’euros, la volonté en 2014 a été de mettre l’accent sur les films illustrant le combat des individus pour garder leur humanité et vivre leurs rêves. Chaque année, la filiale investit également en moyenne dans 3 films d’animation chaque année. Leur diffusion à l’antenne a beaucoup évolué ces dernières années car les programmateurs les réservent plutôt aux cases jeunesse en journée. Face aux contraintes d’audience, même les grilles de Nöel offrent peu de place aux films d’animation.
Côté France 2 dont le budget pour le cinéma a atteint l’an dernier 38 millions d’euros, la diversité est le mot-clé qui guide la ligne éditoriale. Pour autant, l’animation est laissée à France 3 et il y a peu de place pour les films de genre (ex : films d’horreur…).
Malgré ces investissements importants, Valérie Boyer a confirmé que les remontées de recettes étaient malheureusement extrêmement faibles.
L’année 2014 a été une année où les budgets des films ont été assez modestes. Sur France 3, sur les 28 films coproduits, 15 avaient un devis inférieur à 4 millions d’euros. Le constat est le même pour France 2, même si les projets présentés en 2015 montrent une tendance très différente, notamment avec une augmentation importante des projets de suite de comédies (Les Tuche 2, Les Visiteurs 3…) qui ont des devis beaucoup plus élevés.
Pour Valérie Boyer et Daniel Goudineau, les projets peuvent être déposés dès lors que les scénarii sont aboutis. En revanche, il n’est pas nécessaire d’avoir un cast définitif. Ce n’est pas un élément de décision. Chaque année, France 3 reçoit entre 250 et 300 projets. Le chiffre est un peu plus élevé pour France 2 qui doit lire environ 400 projets et qui donne des réponses dans des délais comris entre 1 et 2 mois. Daniel Goudineau a résumé la difficulté de sa mission sur le ton de l’humour: « On dit non 9,5 fois sur 10. On dit non une fois par jour et on ne peut pas dire plus de 2 fois oui par mois. ».
France Télévisions intervient également dans des coproductions mettant en valeur le cinéma européen et également les œuvres issues de la francophonie, avec quelques nuances entre France 2 et France 3. Daniel Goudineau accepte d’intervenir sur des coproductions européennes avec des investissements français minoritaires pour peu que les projets soient portés par des grands noms du cinéma européen. De même, pour être en cohérence avec la logique du soutien français au cinéma qui privilégie la langue française, il ne souhaite pas intervenir sur des films tournés en langue anglaise par des réalisateurs français. Valérie Boyer est en revanche plus ouverte sur les projets qui lui sont présentés