Nathalie Coste-Cerdan : « Le nouvel accord professionnel permettra de renforcer l’attractivité des films sur Canal+»
Pour sa première rencontre de ce Festival 2015, la SACD a reçu Nathalie Coste-Cerdan, directrice du cinéma de Canal +.Sur ces 5 dernières années, Canal+ a investi environ 1 milliard d’euros dans la création cinématographique française et européenne. L’an dernier, ce sont 150 millions d’euros qui ont été consacrés aux préachats de 104 films d’expression originale française. Par ailleurs, Canal+ a réalisé 23 préachats européens.Ces investissements correspondent aux obligations de Canal+ : 12,5% de son chiffre d’affaires dans le cinéma européen dont 9,5% dans le cinéma d’expression originale française.
2015 est une année importante pour Canal+ : il vient de renouveler l’accord qui fixe les grandes lignes de sa politique du cinéma avec les organisations professionnelles du cinéma pour 5 ans, à l’exception de 2 syndicats de producteurs, l’UPF et l’APC, qui n’ont pas signé.
L’enjeu était essentiel pour Canal+ qui a identifié depuis plusieurs années une détérioration de l’attractivité du cinéma sur ses antennes. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : augmentation du piratage (le film 9 mois ferme d’Albert Dupontel a par exemple été visionné de manière illicite par 2,7 millions de personnes entre sa sortie en vidéo à la demande et sa diffusion sur Canal+) ; accroissement de l’exposition et de la diffusion des films sur les chaînes de la TNT ; développement de l’accès aux films en non-linéaire (vidéo à la demande, télévision de rattrapage…).
Pour Canal+, l’accord qui vient d’être signé permet de redonner de l’attractivité au cinéma en donnant plus de flexibilité et de souplesse dans l’exposition des œuvres, autant sur les antennes qu’en télévision de rattrapage. Ce dernier mode de diffusion des films représente aujourd’hui environ 15 % de la consommation des films. Il y a des marges de progression, d’autant plus que 40% des foyers abonnés n’utilisent pas encore la télévision à la demande.
En contrepartie de cette souplesse accrue, Canal+ a accepté d’accorder un minimum de diffusion pour toutes les œuvres : chaque film acquis par Canal+ sera a minima diffusé au moins 10 fois.
Pour l’avenir et afin de ressusciter du désir de cinéma pour les abonnés, Canal+ envisage de solliciter notamment les cinéastes pour les films classés en label « coup de cœur » (les associer à la promotion du film sur les antennes, travail en amont à développer…). De la même manière, personnaliser la communication à l’égard des abonnés est une priorité. Avec pour objectif de donner à voir la profondeur de l’offre Canal+ et d’apporter une réponse qualitative à la surabondance de la diffusion de films sur d’autres canaux. Nathalie Coste-Cerdan résume ainsi l’état d’esprit de Canal+ : « être inventif et créatif pour faciliter la rencontre entre le cinéma et le public. »
Elle en a profité également pour tordre le cou à l’idée selon laquelle la multi-diffusion des films sur Canal+ nuirait à leur valeur. Bien au contraire, la directrice du cinéma de Canal+ estime que cela contribue à accroître leur valeur en créant de la notoriété pour les films et les audiences sont sans commune mesure avec celles beaucoup plus vastes générées par les diffusions des films sur les chaînes hertziennes.
Interrogée par Pascal Rogard, Nathalie Coste-Cerdan considère que la mutualisation des obligations d’investissement dans les œuvres audiovisuelles et cinématographiques, qui permettrait à Canal+ de financer indifféremment des films ou des séries, fait partie d’une réflexion tendancielle.
Canal+ présentera également prochainement une simulation à la SACD pour préciser si la souplesse accrue pour la diffusion des films accroit le volume de films diffusés. Un enjeu pour la rémunération des auteurs versée lors de la diffusion de leurs films et de leurs œuvres audiovisuelles.
Prochain rendez-vous de 11h : Jackie Buet, directrice du Festival International de Films de Femmes de Créteil et du Val de Marne, pour la rencontre Les femmes font de grands films lundi 18 mai