Véronique Olmi : « Écrire, c'est s'abstraire du monde et y être ultra-présent en même temps »
La dramaturge et romancière était l'invitée d'Olivier Barrot pour Mots en scène le 17 novembre dernier à la SACD. Retrouvez en vidéo l'intégralité de la rencontre.Troisième invitée de la saison de Mots en scène après Marie NDiaye et François Morel, Véronique Olmi s'est, comme le veut la tradition de ce rendez-vous SACD, livrée dans un entretien-fleuve au fil de son œuvre théâtrale. Elle-même comédienne, elle a lu plusieurs extraits de ses pièces en compagnie de son hôte, Olivier Barrot. Parmi ces textes : Le Passage, Les Nuits sans lune, Chaos debout, Point à la ligne, La Jouissance du scorpion, Le Jardin des apparences, Mathilde ou encore Je nous aime beaucoup, Une séparation ou le récent Des baisers, pardon, créé pour le Paris des femmes, un festival qu'elle a cofondé et dont elle assure la direction artistique (prochaine édition les 9, 10 et 11 janvier 2015).
Interrogée sur le déclencheur de sa passion pour le théâtre, elle a cité deux étonnantes expériences de spectatrice. Étonnantes car de l'ordre de la déception, et pourtant moteurs de curiosité. La première à l'Opéra d'Aix-en-Provence, sa ville natale, où elle vit un ténor s'interrompre en plein morceau sous les applaudissements et le reprendre du début ("une déception qui m'a accroché"). La deuxième devant Adorable Julia, lorsque Madeleine Robinson dans le rôle-titre s'arrêta en pleine scène de sanglots pour dire "Oui, c'est comme ça que je le jouerais" ("une mise en abyme que je n'ai pas analysée sur le coup mais qui m'a donné envie de faire du théâtre").
Olivier Barrot lui a demandé de confirmer qu'elle écrivait bien dans son lit. "J'écris au réveil, a-t-elle acquiescé. L'écriture appartient à l'inconscient, au monde des rêves. J'aime rester dans cet état de conscience modifié, pas encore dispersée par le monde. C'est un métier étrange, écrivain : on s'abstrait du monde et en même temps, on est ultra-présent au monde en essayant de le regarder comme des lamelles au microscope."
En fin de rencontre, Véronique Olmi a d'elle-même proposé un pertinent résumé de son œuvre théâtrale, traversée par de nombreux conflits de couple. "Le problème dans toutes mes pièces, ce n'est pas qu'il n'y a pas d'amour, c'est qu'il y en a. Tout le monde veut que ça fonctionne, que cela soit fluide et ça ne va jamais. Cela, je ne l'ai jamais compris et lorsque ce sera le cas, j'arrêterai d'écrire sur le couple." Son prochain roman, J'aimais mieux quand c'était toi, sort en janvier prochain chez Albin Michel.
Retrouvez en vidéo l'intégralité de la rencontre. La première partie est à visionner ci-dessous, les deux suivantes à découvrir sur notre chaîne YouTube.
Les prochains rendez-vous de Mots en scène : Joël Pommerat le 4 février 2015, Gérald Sibleyras le 15 avril 2015 et Jean-Claude Carrière le 3 juin 2015