Lettre ouverte aux parlementaires sur France 4
Des associations de défense des droits des enfants et des organisations d’auteurs et de producteurs défendent les programmes jeunesse sur le service public.Un collectif d'associations de défense des droits des enfants et d'organisations d’auteurs et de producteurs, parmi lesquelles la SACD, ainsi que le réseau des écoles d’animation demandent aux parlementaires de défendre la place des programmes jeunesse sur le service public alors que débute l'examen du projet de loi relatif à la communication audiovisuelle.
Lettre ouverte aux parlementaires
Madame, Monsieur,
Nous vous écrivons car les enfants ne peuvent pas vous écrire.
Les adultes ne leur ont pas dit ce qu’ils préparaient.
L’Assemblée Nationale commence cette semaine l’examen du projet de loi relatif à la communication audiovisuelle et à la souveraineté culturelle à l’ère numérique.
A cette occasion, les parlementaires auront le devoir de défendre la place des programmes pour enfants sur le service public.
Les enfants ne votent pas, ils ne sont pas un groupe de pression, ils ne sont pas des consommateurs comme les autres : ils sont l’avenir. C’est pourquoi, en plus de ses autres missions, le service public doit être la maison des enfants.
France 4 est actuellement la maison des enfants.
75% de leur consommation vidéo se fait encore devant le poste de télévision et en direct.
France 4 est régulièrement en tête des audiences chez les 4 - 10 ans. Elle est regardée par 1 million des 4-14 ans chaque jour, par 3 millions d’enfants chaque semaine et 5 millions chaque mois.
Cette maison, le gouvernement veut la fermer le 9 août 2020. France Télévisions annonce déjà une réduction de son offre pour les enfants de 6 000 heures à 3 800 heures, soit une baisse de 35%. Au lieu de trouver leurs programmes sur une chaîne dédiée, les enfants devront passer d’une chaîne à l’autre en fonction des horaires, avec une offre considérablement appauvrie. En termes d’usage, ce n’est pas la modernité mais un immense retour vers le passé, à l’heure où les chaînes privées, les Netflix, YouTube et Disney+ renforcent leurs offres.
Si les enfants se mettaient à bouder le service public, France Télévisions se couperait d’une génération de citoyens. A l’heure où le rajeunissement des audiences est affiché comme une priorité centrale, une extinction prématurée est injustifiable.
De plus, au moment où le groupe M6 vient d’acquérir la chaîne jeunesse Gulli pour 200 millions d’euros, le gouvernement ferme France 4. Sous prétexte d’économies minimes, c’est un immense gâchis d’argent public.
En prélude à cette fermeture annoncée, France Télévisions a lancé, le 9 décembre dernier, une plateforme gratuite et sans publicité dénommée Okoo (prononcez Okou).
Cette plateforme est une excellente initiative. Malheureusement, elle n’est pas accessible à tous les foyers. La fracture numérique reste une réalité. Un nombre substantiel d’enfants, dans les zones rurales ou montagneuses, et parmi les foyers les plus modestes qui ne peuvent payer un abonnement mensuel à Internet, vont être privés de l’accès à une importante partie des programmes jeunesse de France Télévisions.
Ne l’oublions pas, ces derniers mois, les français ont témoigné leur très fort attachement au service public en général, à la continuité et à l’égalité territoriales. Fermer France 4, c’est restreindre l’accès au service public audiovisuel et ne plus assurer la réelle égalité de tous.
Fermer France 4 dès 2020, c’est aussi fragiliser France Télévisions et ne pas retenir la leçon des meilleurs. Partout dans le monde, les premiers de la classe en matière de numérique possèdent des chaînes jeunesse gratuites dédiées qui promeuvent et drainent leur public vers leurs offres numériques. Leaders sur leurs marchés, les autres services publics européens ont compris la nécessité de marcher sur les deux jambes que sont leurs activités linéaire et non linéaire. La complémentarité des offres et des usages est nécessaire à la bonne marche de France Télévisions.
Le gouvernement a raison d’accélérer la mutation numérique de France Télévisions.
Pour que la plateforme numérique de France Télévisions soit un succès, elle doit être soutenue par une offre linéaire gratuite, identifiable et puissante.
Nous, associations pour les droits de l’enfant, auteurs, écoles, éditeurs littéraires et producteurs, en appelons à la sagesse des parlementaires.
Entre l’inertie et la précipitation, nous ne doutons pas que vous trouverez la voie qui permettra de prendre en compte l’intérêt des plus jeunes de nos concitoyens.
Pour garantir un égal accès au service public, tenir compte de la réalité des usages de tous les enfants, pour leur parler en futurs citoyens, pour laisser le temps à la nouvelle plateforme de s’imposer dans un paysage hautement concurrentiel, pour ne pas couper le lien entre France Télévisions et les enfants, les parlementaires doivent adopter la mise en place d’un moratoire !
Lorsque tous les foyers français pourront avoir accès à cette offre et que le public aura migré majoritairement vers le numérique, alors il sera temps d’éteindre progressivement le linéaire.
Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, à l’expression de notre respectueuse considération.
Signataires
Les auteurs groupés de l’animation française (AGrAF)
Conseil français des associations pour les droits de l’enfant (COFRADE)
Groupe 25 Images
La Guilde des scénaristes
Réseau des écoles du cinéma d’animation (RECA)
Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD)
Syndicat national de l’édition (SNE)
Syndicat des producteurs de films d’animation (SPFA)
Le COFRADE fédère 50 associations intervenant dans tous les domaines relatifs aux droits de l’enfant :
Education
- AFPEN, Association française des psychologues de l’Education nationale
- DDEN 78, Délégués départementaux de l’Education nationale
- Enfance-télé : Danger ?, Protection et information sur les dangers des écrans
- Ensemble pour l’éducation de la petite enfance, Accompagnement des parents, des enfants et des professionnels
- ESPPER, Ensemble pour soutenir les projets et programmes en faveur des enfants des rues
- EVEIL Eveil des jeunes à la citoyenneté
- FCPE, Fédération des conseils de parents d’élèves
- FDDEN, Fédération des délégués départementaux de l’Education nationale
- FNAREN, Fédération nationale des associations des rééducateurs de l’éducation nationale
- LDB, Lékol Du Bonheur
- OCCE, Office Central de la Coopération à l’École
- OPEN, Observatoire de la Parentalité & de l’Education Numérique
- SGEN CFDT, Syndicat général de l’Education nationale
- SNES FSU, Syndicat National des Enseignements de Second degré
Formation
- ENS, Ecole Normale Sociale
- ETSUP, Ecole Supérieure de Travail Social
Loisirs
- Cafézoïde, café des enfants
- CLAVIM, Cultures, loisirs, animations de la ville d’Issy les Moulineaux
- Espace Boris Vian, Animation du Conseil départemental des droits de l’enfant de la Loire
- SGDF, Scouts et Guides de France
Non-discrimination
- Le Refuge, Accueil et hébergement des jeunes homosexuels en situation d’errance
Pluridisciplinarité
- BICE, Bureau international Catholique de l’Enfance
- FEEM, Femmes et enfant du monde
- FSU, Fédération syndicale unitaire
- Fondation AJD Maurice Gounon
- Lien Horizon Danses, Accompagnement à la scolarité et accueil de loisirs
- Secours Populaire Français
- SNUASFP-FSU, Syndicat National Unitaire des Assistants Sociaux de la Fonction Publique
- Kids empowerment, Plaidoyer juridique sur le droit international des enfants
Protection contre les violences
- ACPE, Agir contre la prostitution des enfants
- Colosse aux pieds d’argile, Prévention et sensibilisation aux risques pédophiles en milieux sportifs
- La Cause des Enfants, Briser le silence des enfants maltraités
- L’enfant bleu, Enfance maltraitée
- Fondation Scelles, Comprendre et combattre l’exploitation sexuelle dans le monde
- SLEA, Société Lyonnaise pour l’Enfance et l’Adolescence
- Glenn Hoel, Défense des enfants maltraités
- Le Monde à travers un Regard, Lutte contre l’inceste et lapédocriminalité
- Fédération des Comités Alexis Danan pour la Protection de l’Enfance
- Caméléon, Accompagnement des jeunes filles victimes de violences sexuelles
- Citoyen des Rues International
- Paris d’Exil, Aide aux mineurs non accompagnés
- Enfance et partage, Protection et défense des enfants maltraités
Santé
- ALEFPA, Association laïque pour la formation, la prévention et l’autonomie
- AMFE, Association Maladies Foie Enfants
- Pédiatres du Monde, Soins primaires et préventifs en France et à l’étranger
- SNICS-FSU, Syndicat National des Infirmier(e)s Conseiller(e)s de Santé
- UNAPECLE, Union Nationale des Associations de Parents d’Enfants atteints de Cancer ou Leucémie
- UNAPEI, Union Nationale des Associations de Parents et Amis de Personnes Handicapées Mentales
Vie familiale
- EGPE, Ecole des Grands-Parents Européens
- Grands-Parrains et Petits-Filleuls, Grand parrainage bénévole d’enfants
- VDA, La Voix Des Adoptés
Le RECA regroupe 28 écoles de formation aux métiers de l’animation, réparties sur tout le territoire :
- IIM (Institut de l'Internet et du Multimédia), Paris la Défense
- ARTFX (Montpellier)
- Arts et technologies de l'image (ATI) (Paris 8 Saint-Denis)
- Ecole Bellecour ESIA 3D (Lyon)
- Brassart Lyon
- Ecole EMILE COHL (Lyon)
- Ecole Estienne (Paris)
- Ecole Georges Méliès (Orly)
- Ecole National Supérieur des Arts Décoratifs (ENSAD) (Paris)
- ECV Aquitaine (Bordeaux)
- EMCA (Angoulême)
- ESAAT (Roubaix)
- ESMA Montpellier
- ESMA Toulouse
- ESRA PARIS
- ESRA Rennes
- GOBELINS, l'école de l'image (Paris)
- ILOI (Le Port - Ile de la Réunion)
- INSTITUT Ste GENEVIEVE (Paris)
- ISART Digital (Paris)
- L'Atelier (Angoulême)
- L'Idem (Le Soler)
- La Poudrière (Bourg les Valence)
- LISAA (Paris)
- Pivaut Nantes
- Pôle 3 D (Roubaix)
- MOPA (Arles)
- RUBIKA (Valenciennes).