Spectacle vivant 27 aoû 2020

Les auteurs et autrices sont un maillon essentiel du spectacle vivant !

Il est urgent et indispensable que s'ouvrent des discussions associant les auteurs après leur exclusion des concertations pour le plan de relance du spectacle vivant présenté par le Premier ministre.

Alors que les auteurs de spectacle vivant ont subi de plein fouet la crise liée au COVID 19, étant privés de rémunérations, ne bénéficiant pas de dispositifs d’indemnisation chômage et n’ayant pas de perspectives claires sur la reprise d’activité, leur exclusion de la rencontre organisée hier, en présence du Premier ministre, Jean Castex, et de Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, avec les acteurs du spectacle vivant est incompréhensible et méprisante.

Ce rendez-vous, inédit pour un Premier ministre, offrait l’opportunité de réunir toutes celles et ceux qui participent à la vie du spectacle vivant, et notamment les auteurs. L’occasion est malheureusement manquée, malgré l’annonce d’un plan de soutien à l’activité du spectacle vivant de l’ordre de 432 millions d’euros qui va dans le bon sens.

Pour la SACD, ces mesures économiques utiles de soutien et de relance du spectacle vivant ne peuvent toutefois pas suffire. Devant être complétées, elles devront surtout s’accompagner impérativement de dispositifs spécifiques garantissant des retombées et un appui directs pour les auteurs.

Sans de telles mesures ciblées vers les auteurs, le plan de relance ne serait pas en mesure de combiner efficacité économique et traitement équitable et non discriminatoire, notamment sur l’engagement pris par le Premier ministre de mise en place d’un mécanisme de compensation des pertes de recettes d’exploitation liées au COVID 19 qui affectent directement les auteurs et non pas seulement les entreprises culturelles. Il laisserait sur le bord de la route les autrices et les auteurs, déjà fragilisés, souvent précarisés, et sans lesquels la création de demain n’existera pas.

L’annonce d’un dispositif de soutien aux auteurs fragilisés à hauteur de 13 millions d’euros est une première étape qu’il faudra préciser et compléter pour être à la hauteur de l’ambition affichée par le gouvernement de mettre les créateurs au cœur de la politique culturelle et au niveau d’un plan de relance pour la culture dont le montant global sera de 2 milliards d’euros.

La SACD note également la volonté du Premier ministre d’être « attentif à la juste redistribution de la valeur à l’ensemble de la chaîne jusqu’aux artistes et aux auteurs ». L’intention est bienvenue puisque les auteurs ont une rémunération non pas forfaitaire mais proportionnelle aux recettes issues de l’exploitation de leurs œuvres. Leurs revenus de droit d’auteur ont été amputés de près de 30 millions d’euros depuis le début de la crise en mars.

Pour autant, l’absence de concertation avec les auteurs n’a pas permis de prendre en compte le fait qu’ils sont directement et personnellement impactés par la perte de recettes de billetterie engendrée par le COVID. Il est donc nécessaire de les faire bénéficier d’un mécanisme de compensation directe par l’Etat afin qu’ils ne demeurent pas la dernière roue du carrosse d’une longue chaîne de redistribution de la valeur.

Il est aussi impératif que les dettes des entreprises privées et publiques dépendant de l’Etat ou des collectivités territoriales à l’égard des auteurs soient intégralement réglées avant tout versement supplémentaire d’aides publiques, en particulier pour les spectacles joués avant le 15 mars 2020.

Pour construire et rendre applicable ce plan équitable et solidaire à la hauteur des besoins, la SACD demande l’ouverture rapide de discussions associant enfin les auteurs pour définir précisément les mesures les plus adéquates en leur faveur. Elle est prête à y participer dans un esprit de pragmatisme et avec la détermination de mettre les auteurs contemporains au cœur du plan de relance dans lequel ils sont trop absents. C’est, à ce stade, sa grande faiblesse.