Cinéma 31 aoû 2020

Hommage à Pascal Kané

Joël Farges et Luc Béraud saluent la mémoire de l'auteur de Liberty Belle et de L'Educatrice, qui fut élu à la Commission de contrôle du budget de la SACD.

Notre cher ami Pascal Kané s’est éteint ce matin. C’est une immense peine.

Nous le savions malade et l’avions invité à dîner pour lui témoigner notre amitié. Il luttait contre la maladie et lorsque nous l’avons entendu parler des grands vins dont il était amateur, lui pourtant qui en avait perdu le goût, c’est lui qui nous a remonté le moral.

Nous le consultions souvent sur les positions à prendre dans la défense de nos droits d’auteur. Il avait toujours une analyse pertinente, c’était un cinéaste de convictions et il voyait toujours à long terme.

Ses films n’ont pas toujours reçu l’accueil à la hauteur de leurs qualités, ils reflétaient pourtant ses positions, celles d’un cinéaste convaincu, indépendant et inféodé à aucune chaîne.

De grande culture, avec de fermes convictions sans être dogmatique, il avait une idée du cinéma qui était pour lui, une intense raison de vivre.

C’était aussi un cinéaste utopiste : il croyait que le cinéma devait se faire sans entrave.

En toute liberté, à la première personne.

Pascal était aussi un cinéaste de principes et souvent il nous disait : le cinéma est comme la vie, il ne vaut que lorsqu’on reste intègre à ses idées et à ses principes.

Il pouvait être pugnace dans la défense de ses convictions. Mais au regard des années, les idées qu’il a défendues, sont devenues plus menacées encore. Et pourtanr, le combat n’était jamais perdu. Le cinéma restera pour lui et à jamais d’abord une affaire de cinéastes.

Ses films sont d’émouvants témoignages de ce que furent ses origines familiales juives polonaises, de ses engagements politiques et éditoriaux (notamment dans les Cahiers du Cinéma). C’est pourquoi il faut les revoir.

Liberty Belle, L'Éducatrice, La fête des mères, Je ne vous oublierai jamais, La Théorie du fantôme et ses entretiens avec Serge Daney resteront des témoignages indispensables à qui veut le comprendre et comprendre notre temps.

Et au-delà de ses films qui seront honorés à la Cinémathèque Française le 11 septembre à 19 h, Pascal restera un grand défenseur du cinéma d’auteur qui ne baissa jamais les bras.

Il aura d’ailleurs tenté jusqu’à son dernier souffle de mener à bien son aventure-cinéma commencée en 1973. Son dernier scénario à partir de la Vierge enceinte de Piero della Francesca était la preuve éclatante de son désir intact, et nous regrettons que ce film n’ait pas vu le jour.

Luc Béraud et Joël Farges

 

Photo : © LN Photographers/SACD