Spectacle vivant 29 mai 2020

Hommage à Guy Bedos

Sophie Deschamps, présidente de la SACD, salue la mémoire de l'humoriste et acteur, disparu le 28 mai dernier.

« Ne me secouez pas, je suis plein de larmes ». Ces mots d’Henri Calet définissent merveilleusement Guy Bedos qui nous a tant fait rire.

Spectacles, livres, articles etc… sa plume était incisive, précise, militante. Il savait rire de tout, ouvrait les consciences, se révoltait, exprimait sa colère ou son infinie tendresse avec un rare talent et une énergie inépuisable. Il disait « l’humour ne s’apprend pas, c’est comme le jazz. Une cadence intérieure, on l’a ou on l’a pas. »

A la lecture de ses Mémoires d’outre-mère, on mesure le courage et la force de vie qu’il lui a fallu pour surmonter cette enfance dévastatrice.

Son visage à la fois enfantin et tendre, son corps léger, son aisance sur les plateaux de théâtre et de cinéma créaient une empathie immédiate. Il jouait et se jouait de lui-même. Personne n’oubliera jamais le sketch « La drague » et son personnage de macho totalement crétin, lui qui était tout le contraire.

Il avait la pudeur des grands émotifs et détestait la vulgarité. C’est cela l’élégance.

Lors des Rencontres du Conservatoire organisées par la SACD dans le cadre du festival d’Avignon, je l’avais longuement interrogé, il était fascinant de sincérité, de drôlerie mêlée d’émotion et d’attention aux autres. Souvenir impérissable.

Cette attention aux autres, ce refus d’accepter le malheur ou la fatalité, ont fait de lui un opposant farouche au racisme, à l’antisémitisme, à l’extrême droite et un militant actif d’organisations humanitaires comme Le Droit au Logement, La Ligue des Droits de l’Homme, Le Droit à Mourir dans la Dignité etc… « Qu’il soit noir, juif ou arabe un type bien est un type bien et un enfoiré sera toujours un enfoiré. »

Il n’avait pas peur des coups, et il en a pris beaucoup, il n’a jamais craint d’exprimer ses convictions humanistes et sociales. « L’inverse de l’humour, ce n’est pas le sérieux, c’est la soumission. » Il ne s’est jamais soumis. « Si j’avais un drapeau, mon emblème serait le bras d’honneur. »

Son fils Nicolas a écrit « il était beau, il était drôle, il était libre et courageux. Comme je suis fier de t’avoir eu pour père… »

Guy Bedos disait la même chose de ses enfants, il était fier d’eux, tellement fier. Il aimait passionnément cette famille qu’il s’était construite, ce nid d’amour, qui lui avait tant manqué étant enfant.

Guy Bedos nous manquera. Ses livres, ses films, ses sketches restent et sont à consommer sans modération pour l’éternité.

Merci Guy.

Sophie Deschamps

 

Photo : Guy Bedos en 2017 lors de la cérémonie de remise des Prix de la SACD - © LN Photographers/SACD