Suppression de France 4 en 2020 : l'urgence d'un moratoire
La SACD et le SPFA ont pris connaissance avec stupéfaction des déclarations de Franck Riester, ministre de la Culture, tendant à confirmer le calendrier de fermeture de France 4 à l’horizon 2020.Les organisations d’auteurs et de producteurs avaient écrit en juin au Président de la République pour formuler une demande de moratoire assortie de deux conditions raisonnables et utiles : la garantie que tous les Français pourraient avoir accès, partout sur le territoire, à une offre de très haut-débit ; la réalisation d’un bilan et d’une évaluation du lancement de la nouvelle plateforme numérique jeunesse de France Télévisions 18 mois après son lancement.
En confirmant vouloir mener son projet en maintenant le calendrier initial, le gouvernement, qui prépare cette importante réforme de l’audiovisuel dans l’opacité et sans concertation, envoie un message désastreux aux auteurs et aux producteurs d’animation et, plus largement, aux Français qui sont attachés à l’égalité d’accès au service public.a SACD et le SPFA rappellent que développer une offre numérique tout en supprimant une chaîne qui aujourd’hui assure la diffusion de près de 70 % de l’offre jeunesse et d’animation de France Télévisions, avec 4 400 heures de programmes diffusés chaque année, et alors même que les usages linéaires restent dominants est une erreur profonde qu’aucun grand pays européen de service public n’a d’ailleurs réalisée.
Les enfants sont de plus en plus connectés mais ils n’ont pas abandonné l’écran de télévision : selon les données de Médiamétrie, 78 % du temps de vidéo des enfants est consacré à la télévision linéaire, reléguant encore loin la consommation délinéarisée (22 %). La chaîne France 4 est regardée par 1 million des 4-14 ans tous les jours, 3 millions chaque semaine et 5 millions chaque mois.
C’est ainsi une vitrine essentielle pour la diffusion de l’animation française mais aussi pour l’attractivité de la création française auprès des investisseurs internationaux qui disparaitrait.
C’est aussi une démarche industrielle dangereuse et inconsistante de prétendre vouloir lancer une plateforme publique, qui n’aura que quelques mois pour s’imposer, sans pouvoir compter sur la notoriété et la puissance de sa chaîne hertzienne, face à la concurrence de Netflix, de YouTube et demain de Disney et de WarnerMedia.
Cette réforme serait également profondément injuste et inéquitable : la couverture totale du territoire national en haut-débit et en qualité suffisante pour recevoir des flux vidéo ne pourra être malheureusement assurée, ni aujourd’hui, ni en 2020.
L’interruption du signal de France 4 en 2020 priverait donc inévitablement d’une large partie de l’offre jeunesse du service public de l’audiovisuel beaucoup d’enfants français, qui grandissent sur ces territoires mal connectés ou qui vivent dans des foyers modestes qui n’ont pas les moyens de payer un abonnement Internet ou d’acheter des équipements numériques.
L’animation sur le service public ne doit se résumer ni à une télévision pour les villes ni à une télévision pour les riches.
L’existence d’une chaîne publique dédiée à la jeunesse est aujourd’hui cruciale pour la création d’animation française, souvent citée à juste titre comme symbole de l’excellence. Elle porte aussi en elle un enjeu démocratique et citoyen car elle conditionne l’égal accès, ou non, de tous au service public de l’audiovisuel.
Face au risque majeur d’aboutir à un fiasco pour le service public et à un chaos pour l’animation française, la SACD et le SPFA demandent au gouvernement de surseoir à cette décision et d’ouvrir enfin une réflexion collective et une concertation ouverte.
Contacts presse :
SACD : Agnès Mazet - ☎ 01 40 23 45 11 - ✉ agnes.mazet@sacd.fr
SPFA : Stéphane Le Bars –☎ 06 60 23 53 96 - ✉ s.lebars@spfa-france.fr