Serge Laroye : « Oui a une évolution de la chronologie des médias ; non à une régression »
Le directeur délégué d'Orange Content était l'invité de la SACD sur son stand cannois le 14 mai.Depuis l’an dernier, Orange a fait évoluer sa stratégie à l’égard de la création et du cinéma en créant Orange Content qui a regroupé une large partie de la direction des contenus, les filiales Orange Studio, OCS et Orange Prestations TV. Serge Laroye s’est félicité du succès de la démarche : « OCS va bientôt fêter ses 10 ans avec près de 3 millions d’abonnés. En 10 ans, nous avons préacheté 330 films qui s’ajoutent aux 140 coproduits par Orange Studio. »
Pour le directeur délégué d’Orange Content, le succès tient à plusieurs éléments et d’abord à l’éclectisme des choix artistiques faits par l’opérateur qui se conjugue avec une réelle prise de risque. Cette logique permet à l'opérateur d’investir et d’accompagner des films grand public mais aussi des œuvres très pointues. Répondre à la promesse éditoriale faite aux abonnés et proposer une offre différente est dans l’ADN d’Orange.
C’est d’ailleurs la logique poursuivie par les 2 partenariats qu’Orange a conclus avec la SACD. D’un côté, la bourse que Beaumarchais-SACD a mise en place avec Orange répondait à la volonté de soutenir des projets et des écritures tenant pleinement compte de l’évolution des usages. D’où la place réservée aux projets de réalité virtuelle. D’un autre côté, le fonds SACD-OCS Signature doté d’un budget de 50 000 € en 2018, qui a vocation à accorder une aide à l’écriture de séries de 26 minutes dans un esprit d’originalité, d’audace et d’inventivité.
Combiner linéaire et non linéaire, « ça marche »
Pour Serge Laroye, Orange a su aussi être un précurseur en étant l’un des premiers diffuseurs à mettre au cœur de son offre une offre linéaire et une offre non linéaire afin de pouvoir toucher des publics très différents. Aujourd’hui encore, l’hybridation des usages est une donnée importante : 1/3 des abonnés consomment en linéaire, 1/3 en non linéaire et 1/3 combinent les 2. Arrivé au cours de la rencontre, David Kessler, directeur d’Orange Content, a souligné que ces modèles hybrides se sont désormais généralisés car « ça marche ».
Pouvoir distribuer son offre sur tous les supports est une priorité d’Orange. Même si l’accès via la box Orange est aujourd’hui largement répandu, rien ne garantit la pérennité de ce modèle pour l’avenir, notamment face au développement des clés type Chromecast et les services dit OTT (qui ne nécessitent pas de transiter via les box).
Revenant sur les débats en cours sur la chronologie des médias, Serge Laroye a tenu à souligner la nécessité d’aboutir à une évolution raisonnable et proportionnée. En particulier, deux points appellent une grande vigilance pour Orange : la réduction envisagée par les médiateurs, Francois Hurard et Dominique D’Hinnin, de la fenêtre de la vidéo à la demande à l’acte (Orange est le 1er opérateur avec 1,2 millions de transactions mensuelles) ne lui semble pas être une bonne idée ; quant à la diminution éventuelle du délai de diffusion des films sur la seconde fenêtre de diffusion payante, elle pourrait être dangereuse pour le financement de nombreux films. Au final, Orange, qui a pris un engagement de près de 180 millions d’euros sur 5 ans pour investir dans le cinéma, est ouvert à une évolution de la chronologie mais pas à une régression.
Enfin, face aux critiques faites ces dernières semaines par certains professionnels du cinéma à l’égard d’Orange en matière de lutte contre la piraterie, David Kessler a rappelé que le groupe Orange, qui est aussi un diffuseur et un détenteur de droits via ses catalogues de films, est par nature attentif au respect du droit d’auteur et à lutte contre la contrefaçon. De fait, Orange applique toutes les décisions de justice, quand elles sont définitives.