Prix SACD de la Quinzaine des Réalisateurs 2017 à "Un beau soleil intérieur" de Claire Denis et à "L'amant d'un jour" de Philippe Garrel
Le prix a été remis à Cannes aux deux films le 26 mai dernier.
La commission cinéma de la SACD est composée de Bertrand Tavernier, président, Jean Becker, Gérard Krawczyk et Christine Laurent. À l’occasion de la remise du prix SACD ce soir, Gérard Krawczyk s’est exprimé au nom de la commission : "Je ne sais plus qui a dit : « Le cinéma, c’est comme l’amour, quand c’est bien, c’est formidable, c’est extraordinaire et quand c’est pas bien, c’est pas mal quand même. » La qualité de la sélection de La Quinzaine est bien au-delà du pas mal, si bien que nous aurions voulu primer tous les films. Nous avons dû nous résoudre à en distinguer deux. L’un doté d’un élan, d’un regard perçant sur d’admirables acteurs, l’autre nocturne, inspiré, d’un grand accomplissement artistique : Claire Denis pour Un beau soleil intérieur co-écrit avec Christine Angot et Philippe Garrel pour L’amant d’un jour, co-écrit avec Caroline Deruas, Arlette Langmann et Jean-Claude Carrière."
Claire Denis
Après une enfance passée en Afrique, Claire Denis revient en France à l’adolescence et prend bientôt goût au cinéma. Après avoir réalisé plusieurs courts métrages de science-fiction, elle sort diplômée de l’IDHEC en 1972.
Assistante de réalisateurs tels que Rivette, Rouffio, Jarmusch ou encore Wenders, Claire Denis trouve l’inspiration de son premier long métrage Chocolat (1988) à l’occasion du tournage dans les paysages désertiques de Paris-Texas. Chocolat est un film d’inspiration autobiographique qui relate les tensions raciales dans l’Afrique coloniale des années 50 présenté au Festival de Cannes, nommé aux Césars et salué par la critique américaine. Suivront notamment S'en fout la mort (1990) et J'ai pas sommeil (1994), où la cinéaste poursuit la construction d’un univers très personnel, âpre et nocturne. Elle reçoit le Lion d'argent à Venise en 1996 pour le film Nénette et Boni. En 1999, elle signe Beau travail, que lui commande Arte, portrait de la légion étrangère à Djibouti. En 2000, elle présente à Cannes le film Trouble every day film de vampires sensuel et sauvage avec Béatrice Dalle une de ses actrices fétiches, qui remue la Croisette, puis L'Intrus (2004), inspiré d'un récit du philosophe Jean-Luc Nancy. Suivront en 2008, 35 Rhums, présenté à la Mostra de Venise, et White Material, tourné dans le Cameroun de son enfance avec un couple inédit : Isabelle Huppert et Christophe Lambert. En 2013 Claire Denis revient au Festival de Cannes, elle y présente dans la sélection Un certain regard Les Salauds, film noir dans lequel elle dirige Vincent Lindon et Chiara Mastroianni.
Un beau soleil intérieur récompensé aujourd’hui par la SACD a été coécrit avec la romancière Christine Angot et trace l’histoire d’Isabelle interprétée par Juliette Binoche qui part à la recherche de l’amour.
Philippe Garrel
Fils du comédien Maurice Garrel, le réalisateur et scénariste, Philippe Garrel réalise son premier court métrage à l’âge de 13 ans. En 1964, il fait ses vrais débuts avec Les Enfants désaccordés, suivi de plusieurs autres courts métrages dont Le Révélateur. Il réalise son premier long en 1967 Marie pour mémoire, qui reçoit le Grand Prix du Festival de Biarritz. En 1968, Philippe Garrel participe à Cinétracts, une entreprise cinématographique initiée par Chris Marker et mise sur pied par plusieurs cinéastes français dont Jean-Luc Godard. Il collabore en 1972 avec Nico, icône rock qui sera sa partenaire dans La Cicatrice intérieure, film dont elle compose également la musique et en 1975 dans Un ange passe. En 1982, il obtient le Prix Jean-Vigo pour L'Enfant secret, une œuvre qui mêle des thèmes qui lui sont chers : amour, création et filiation.
En 1989, Les Baisers de secours marque le début d'une longue collaboration avec le romancier Marc Cholodenko. En 1991, J'entends plus la guitare reçoit le Lion d'argent à Venise. Philippe Garrel signe Le Vent de la nuit en 1999 avec Catherine Deneuve. Il obtient en 2005 un nouveau Lion d'argent du Meilleur réalisateur pour son film-fleuve Les Amants réguliers pour lequel il reçoit également le prix Louis-Delluc, évocation sensible de Mai 68 dans lequel joue son fils Louis Garrel. Ce-dernier est le héros de son film suivant, La Frontière de l'aube en 2008, film présenté en compétition au Festival de Cannes - une première pour le réalisateur, âgé de 60 ans. Suivront Un été brûlant puis La Jalousie, drame inspiré de la vie de son propre père.
L’amant d’un jour film qu’il présente aujourd’hui dans la sélection de La Quinzaine des réalisateurs a été co-écrit avec le scénariste, acteur, dialoguiste Jean-Claude Carrière, la scénariste, actrice et réalisatrice Caroline Deruas et la scénariste Arlette Langmann. Le film reprend une nouvelle fois deux thèmes au cœur de son œuvre : la filiation et l’amour.
Les précédents lauréats du Prix SACD de la Quinzaine des Réalisateurs
Solveig Anspach pour le film L’effet Aquatique (France, 2016), Arnaud Desplechin pour le film Trois souvenirs de ma jeunesse (France, 2015), Thomas Cailley pour le film Les Combattants (France, 2014), Guillaume Gallienne pour le film Les garçons et Guillaume, à table ! (France, 2013) et Serge Bozon avec une mention spéciale pour le film Tip Top (France, 2013), Noémie Lvovsky pour le film Camille redouble (France, 2012), Bouli Lanners pour le film Les Géants (Belgique, 2011), Olivier Masset-Depasse pour le film Illégal (Belgique, 2010), Xavier Dolan pour le film J’ai tué ma mère (Québec, 2009), Claire Simon pour le film Les bureaux de Dieu (France, 2008).