Place des femmes dans le cinéma : peut mieux faire !
Très impliquée dans la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le cinéma, l’audiovisuel et la culture, la SACD y a consacré l’une des rencontres organisées sur son stand cannois.
De fortes inégalités entre les femmes et les hommes existent dans le cinéma européen, dans l’accès aux moyens de production comme dans les rémunérations et l’accès à certaines fonctions. Autour de ce constat désormais largement partagé, 3 intervenants ont été invités à s’exprimer.
Premier à prendre la parole, Christophe Tardieu, directeur général délégué du CNC, est revenu sur les principales conclusions de l’étude que le CNC a rendu publique en février dernier. En France, entre 2011 et 2015, 22% des films français ont été réalisés par des femmes. C’est plus qu’en Allemagne (19%), qu’en Grande-Bretagne (11%) ou en Italie (10%). En 10 ans, le nombre de femmes réalisatrices a augmenté de 71%. La présence féminine se renforce aussi dans la production avec une hausse de 20% en 10 ans.
En revanche, les rémunérations des femmes sont très souvent inférieures à celle des hommes : - 42% pour les réalisatrices ; - 38% pour les productrices. Seules les scriptes et les cascadeuses gagnent plus que leurs collègues masculins !
Le budget moyen des films réalisés par des réalisatrices s’élève à 3,5 millions d’euros contre 4,7 millions d’euros pour les réalisateurs.
Une récente loi sur la citoyenneté votée à l’automne dernier, porté par la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol, a apporté une novation importante : dorénavant, les femmes devront représenter au moins 40% des membres des commissions dans les établissements publics culturels qui versent des aides. A défaut, l’attribution des aides pourrait être annulée. Christophe Tardieu a souligné que d’ores et déjà, le CNC était en conformité avec ces nouvelles règles et que les nouvelles conventions conclues par le CNC avec les régions prenaient en compte la question de la parité et veillaient à en assurer le respect dans les commissions régionales.
En Europe, des initiatives existent aussi pour améliorer la place des femmes dans le cinéma. C’est le cas en particulier en Suède où il y a une volonté forte portée par la directrice générale du CNC suédois, Anna Serner, de tendre vers la parité dans les films soutenus. Elle s’est notamment réjouie de l’atteinte de cet objectif. Parmi les priorités qu’elle s’est assignée et auxquelles elle travaille aussi dans le cadre des EFAD, l’association des CNC européens, figure la réalisation de statistiques sur la place des femmes dans le cinéma en Europe. Selon elle, c’est en produisant de telles statistiques sur des bases et des méthodologies communes qu’il est possible de faire du benchmark, de repérer les bonnes pratiques et initiatives et de se fixer des objectifs atteignables.
Francine Raveney, membre d’Eurimages, partage et poursuit la même logique. Actuellement, le Conseil de l’Europe travaille à l’établissement d’une recommandation. C’est évidemment un long processus mais l’objectif est essentiel pour fixer les grands objectifs. Point essentiel, une annexe de cette recommandation dresse une liste d’indicateurs de performance et d’efficacité des politiques qui pourrait se déployer et être utilisés largement dans les pays.
Selon elle, l’attribution des fonds publics pour les films devrait prendre en compte l’objectif de parité car il est indispensable de sensibiliser à l’image des femmes dans les projets soutenus. C’est un combat majeur d’Eurimages, qu’elle mène parallèlement dans le cadre du réseau européen de femmes dans l’audiovisuel (www.ewawomen.com) qu’elle a créé.