Patrick Volson, l’élégance et la bienveillance
Le réalisateur et co-président de la commission Télévision de la SACD Laurent Lévy rend hommage au réalisateur Patrick Volson, disparu le 27 août dernier.
Patrick Volson vient de disparaître.
Cet homme pudique et discret, ce réalisateur aux ressources créatrices inépuisables incarnait à lui seul toutes les facettes d’une télévision de la diversité, de la culture populaire, de l’ouverture au monde.
A ses nombreux talents venait s‘ajouter l’élégance, celle du cœur qui faisait de lui un homme aimé et respecté de tous ses amis, nombreux.
Pétri de culture et d’histoire, sa curiosité était sans limites, et l’avait conduit d’abord sur les chemins du film documentaire, genre où il excellait, avant d’aborder la fiction.
En 1989, son film Paroles d’otages, écrit et réalisé avec son complice le journaliste Jean-Claude Raspiengeas, fut récompensé du Fipa d’or.
Ce documentaire remarquable menait une enquête minutieuse, qui mêlait déjà investigation et fiction, et faisait vivre au spectateur une véritable plongée dans les conditions de vie des otages. Nous y découvrions le baron Empain dans la tente où ses ravisseurs le gardaient confiné, ou encore Jean-Paul Kauffmann, l’ex-otage du Hezbollah libanais, à la recherche d’une source de lumière, symbole de vie. C’était stupéfiant.
Les films de cet auteur prolifique portent tous la griffe de sa profonde humanité, toujours pimentée d’un humour dont il ne se départait que rarement : la marque des grands. Maman veut pas que je t’épouse, sa première fiction en 1992, écrite avec une autre de ses complices, la scénariste Corinne Atlas, reste un modèle de comédie qui aborde de manière hilarante la question du mariage mixte au sein d’une communauté juive que Patrick, en fervent républicain athée, a sans cesse questionné au cours de son histoire.
Comédies, polars, films d’époque, à la télévision, il a abordé tous les genres, et on ne peut que regretter que ses projets les plus audacieux n’aient pu voir le jour, et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Digne, et discret, Patrick ne se plaignait pourtant jamais : il avançait et combattait.
En 2006, Le temps de la désobéissance, prix du scénario à Luchon, encore une fois écrit avec la complicité de Corinne Atlas, et produit par sa femme Annie Volson, racontait le parcours de ces flics de Nancy, sa ville, qui en 1942, défiant les lois de Vichy, décidèrent au péril de leur vie de sauver des familles juives. C’était des justes. Un hommage leur fut rendu.
Notre ami Patrick Volson était un juste lui aussi, à sa manière.
La SACD et tous les auteurs te remercient et te saluent Patrick.
Laurent Lévy