Suppression de la contribution à l'audiovisuel public : de qui se moque-t-on ?
Alors que l’Assemblée nationale va prochainement débuter ses travaux, les menaces de suppression de la redevance audiovisuelle dans le cadre du prochain projet de loi de finances rectificatives restent à l’ordre du jour.Au-delà de l’avenir du service public et de son indépendance qui serait fragilisée par la remise en cause d’une ressource affectée, la volonté du pouvoir exécutif de confirmer la promesse du président de la République lors de la campagne électorale au nom du pouvoir d’achat des Français constitue un grossier marché de dupes.
Non, faire disparaître la redevance n’est en rien une mesure en faveur du pouvoir d’achat.
Les 4 millions de foyers représentant notamment les personnes âgées avec de faibles ressources, les foyers disposant de revenus très faibles mais aussi les personnes infirmes et invalides, seront écartés du bénéfice d’une telle mesure puisqu’ils sont déjà exonérés. Leur gain serait égal à 0 !
Les autres foyers à qui s’appliquerait cette mesure verront leur charge fiscale être allégée de 37 centimes par jour. Qui peut croire que ce cadeau microscopique serait une réponse crédible face à l’alourdissement des dépenses d’énergie, d’alimentation et de logement de nos concitoyens ?
Cette mesure s’apparenterait par ailleurs à un tour de passe-passe budgétaire, le gouvernement ayant promis, sans garanties et sans en définir les modalités, de maintenir le financement des sociétés de l’audiovisuel public en puisant dans le budget général de l’État.
Ce sont donc les Français, à travers leurs impôts sur le revenu et la TVA, taxe la plus inégalitaire, qui seraient in fine appelés à financer les plus de 3,5 milliards d’euros que représente aujourd’hui la redevance.
Face à ce projet injuste, non préparé et inefficace, la SACD demande au gouvernement et aux parlementaires de revoir impérativement cette copie : d’une part, l’augmentation du pouvoir d’achat des français est un sujet de préoccupation trop sérieux pour justifier de fausses mesures et des acrobaties budgétaires ; d’autre part, la réforme et la modernisation indispensable du financement de l’audiovisuel public doit, comme dans la grande majorité des pays européens, reposer sur des principes clés : un financement affecté, déconnecté de la possession d’un poste de télévision et tenant mieux compte des revenus des foyers pour être socialement plus juste.