Privatisation de l'audiovisuel public : la Cancel culture de Marine Le Pen
La SACD réagit aux propositions de la présidente du Rassemblement National pour France Télévisions et Radio France.Dans un entretien accordé au Figaro, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National à la prochaine élection présidentielle, a défendu sa première proposition pour l’audiovisuel : privatiser Radio France et France Télévisions et de fait, supprimer un audiovisuel public dont elle ne voit plus l’utilité ni la spécificité.
La SACD est convaincue que l’avenir de l’audiovisuel public mérite mieux que ces propositions démagogiques qui reflètent malheureusement une méconnaissance complète de l’offre de programmes du service public, un désintérêt pour la création et une incompréhension de l’économie de l’audiovisuel.
Aujourd’hui, au-delà du rôle important que jouent France Télévisions comme Radio France pour faire vivre le pluralisme de l’information dans un monde saturé de fausses nouvelles, ces deux piliers de l’audiovisuel public sont des acteurs centraux, historiques et spécifiques non seulement dans le traitement de l’information, mais aussi dans le financement et la diffusion de la culture et de la création audiovisuelle et cinématographique française.
France Télévisions, c'est 420 millions d'euros par an dans la création audiovisuelle, 60 millions d'euros pour le cinéma et un catalogue de plus de 500 films offerts au public, une offre destinée à la jeunesse, avec France 4, qui a été essentielle durant le confinement et qui fait rayonner l'animation française, le 1er groupe audiovisuel pour la diffusion de la fiction française, une offre pour la culture renforcée depuis la crise avec des programmes renforcée, plus de 1000 spectacles disponibles en numérique... Les radios de Radio France, dans leur diversité, figurent en tête des audiences chacune dans leur domaine, preuve de leur plébiscite par les Français.
Vouloir supprimer l’audiovisuel public français par clientélisme électoral serait tourner le dos à cette ambition et renoncer à ce que les téléspectateurs puissent bénéficier d’une offre globale large et plurielle.
Cela aboutirait aussi à se singulariser défavorablement dans le concert des grandes démocraties occidentales qui toutes reposent sur des services publics forts et disposant de services hertziens et numériques développés pour s’adresser à tous les publics (la BBC en Grande-Bretagne, l’ARD et la ZDF en Allemagne, la RAI en Italie…).
Plus que jamais, pouvoir compter sur une offre de service public nationale, s’adressant à tous et chacun sur tous les supports, allant à la reconquête des jeunes, mettant en valeur la culture et la création française et européenne et proposant des programmes et des œuvres innovants et ambitieux devrait être un engagement pour tous les candidats républicains.
Cela devrait aussi être une exigence dans un paysage audiovisuel en plein bouleversement, où face à l’essor des plateformes numériques, la nécessaire consolidation du secteur privé français doit avoir un corollaire clé : le renforcement du service public afin de faire progresser l’ensemble de l’audiovisuel français et de garantir un équilibre utile dans le paysage audiovisuel pour enrichir l'offre à destination de l'ensemble des citoyens et accroitre les engagements dans la création, notamment française. D’ailleurs, la privatisation du service public serait un désastre pour les chaînes privées, aboutissant à un affaiblissement de ce secteur et à une perte importante de valeur dont pâtirait également la création française et les auteurs.
S’attaquer à la culture et au service public est sans doute un fonds de commerce électoral, toutefois étonnant pour un mouvement qui se veut patriote car sa conséquence serait notamment un effondrement du soutien à la création française. Il n’en reste pas moins que les enjeux qui traversent l’avenir de l’audiovisuel public, qu’ils concernent son financement, sa capacité à renouveler son offre auprès des jeunes ou ses développements numériques, en particulier dans l’horizon européen, sont de ceux qui méritent d’être abordés sérieusement et sereinement dans le cadre de la présidentielle. Y répondre par une politique d’éradication du secteur public est inacceptable et navrant.