Couvre-feu : danger pour les auteurs et la culture
La SACD tire la sonnette d'alarme pour la culture suite à l'annonce hier soir du couvre-feu par le président de la République.Après l’annonce par le président de la République d’un couvre-feu en Ile-de-France et dans 8 métropoles régionales entre 21h et 6h pendant au moins 4 semaines, la SACD tire la sonnette d’alarme pour la culture.
Prise sans aucune concertation avec les représentants du monde de la culture qui ont adopté depuis des semaines des protocoles sanitaires stricts pour faire redémarrer la culture dans ce pays, dans un cadre sécurisé pour le public, cette mesure générale et brutale va placer beaucoup d’auteurs, de cinémas, de théâtre et de compagnies dans des situations toujours plus précaires.
Alors même que le respect des dispositions sanitaires dans les lieux de culture a évité le développement en leur sein de foyers de contaminations, interdire désormais le soir les représentations pour un spectacle vivant qui est exsangue depuis mars dernier ou les séances dans des cinémas où la fréquentation repartait peu à peu aboutit à un véritable plan social pour la culture.
À côté de l’état d’urgence sanitaire qui a été réactivé, la SACD demande de la part du gouvernement la reconnaissance d’un état d’urgence culturelle.
Face au désastre déjà présent et qui va s’amplifier, du fait de ce couvre-feu, de nouvelles mesures d’ampleur en soutien à la culture, à la création et aux auteurs doivent être préparées, en concertation avec l’ensemble des professionnels, y compris cette fois pour le spectacle vivant avec les représentants des auteurs.
Le fonds de compensation des pertes de billetterie, doté initialement de 100 millions d’euros, doit être fortement réévalué à la hausse et prévoir, comme le CNM l’a déjà prévu pour le spectacle vivant musical et l’humour, un couloir permettant des remontées financières simples et rapides pour les auteurs. Ce n’est pas le cas aujourd’hui pour le dispositif envisagé par le ministère de la Culture pour le théâtre.
Les annonces très positives qui avaient été faites en faveur des auteurs par le Premier ministre en septembre et qui sont inscrites dans la loi de finances doivent aussi trouver rapidement à s’appliquer. C’est notamment le cas du dispositif d’apurement des dettes de droit d’auteur dans le spectacle vivant que la ministre de la Culture avait acté à hauteur de 5 millions d’euros. Un mois après cette annonce, aucun échange permettant de préparer son déploiement n’a pu être organisé.
Les auteurs, qui ne sont pas salariés et ne bénéficient ni d’indemnités chômage ni de la protection du régime de l’intermittence, attendent avec impatience la mise en œuvre de ce dispositif pour percevoir des droits qui leur étaient dus.
Enfin, la mise en place du couvre-feu, qui est une mesure lourde de privation de liberté, devrait laisser la place à des dérogations permettant de maintenir la diffusion des spectacles et des œuvres dans les cinémas et les théâtres, dans le strict respect des règles sanitaires, et autorisant le public à pouvoir s’y rendre.
À défaut, ce couvre-feu sera une punition particulièrement injuste et néfaste pour la culture.