Clément Michel : "L'imposture, le mensonge, c'est le sel de la comédie"
L'auteur et comédien du "Carton" et d'"Une semaine pas plus" était l'invité d'Olivier Barrot le 6 juin dernier pour le dernier numéro de la saison de Mots en scène.Un homme réalise qu'il doit avoir vidé son appartement dans quelques heures et organise en catastrophe son déménagement. C'est ainsi que débute Le Carton (2001), la première pièce de Clément Michel. Les derniers invités d'une fête s'attardent et mettent à mal les nerfs de leurs hôtes. Voilà pour le pitch de Début de fin de soirée (2005). Un homme dont le couple bat de l'aile demande à un ami de poser ses valises dans son foyer pour pousser sa compagne à bout et les choses ne se passent pas comme prévu. Tel est le point de départ d'Une semaine, pas plus (2011). Qui s'amuse à lister les pièces écrites par Clément Michel, finit, comme le dit Olivier Barrot, par aboutir à un véritable "catalogue d'emmerdements". La formule a beaucoup plu à l'auteur, qui en convenait lors de la rencontre Mots en scène du 6 juin dernier à la SACD : il ne fait jamais que s'en référer à une grande tradition théâtrale. "La dramaturgie consiste en une course d'obstacles. Et l'imposture, le mensonge, les emmerdements, c'est le sel de la comédie. Ma passion pour ces derniers tient beaucoup à l'admiration que je porte à Feydeau, Sacha Guitry et Jean Poiré."
Auteur, comédien, satisfait quoi qu'il arrive
Clément Michel a la particularité de naviguer entre théâtre et audiovisuel. Passé par une école de cinéma, il a toujours tenu à conserver cette liberté de pouvoir passer d'un univers et d'un métier à l'autre et officie régulièrement pour le cinéma ou la télévision comme scénariste ou comme réalisateur (La Stratégie de la poussette, J'ai deux amours). Au théâtre il laisse la mise en scène à d'autres, mais cet ancien élève du conservatoire, aime aussi jouer dans ses propres pièces. "A mes débuts, je pensais hypocritement que monter sur scène m'aiderait pour la direction d'acteurs, mais en vrai j'avais juste envie aussi de jouer." Dans nombre de ses pièces, il endosse lui-même le premier rôle. Ce qui ne signifie pas nécessairement le meilleur rôle : "J'ai beaucoup joué le mec qui râle, qui est le réceptacle des emmerdes. En comédie, il faut accepter de jouer ce rôle-là car ça signifie que tu seras moins drôle. Comme tout le monde, j'aime faire rire mais comme je suis également l'auteur, je suis satisfait quand le public rit quoi qu'il arrive. Pour le Grand Bain [sa pièce de 2009 sans rapport avec le film de Gilles Lellouche], je m'étais une fois de plus réservé ce rôle jusqu'à ce que je me dise que je ferai bien l'autre personnage masculin, un loser attachant à la Jean-Claude Dusse dans Les Bronzés et que avec David Roussel nous inversions nos places par rapport à Début de fin de soirée."
Cinq de ses pièces ont déjà été montées et abondamment jouées. Pour Le Carton, on parle de plus d'un millier de représentations et Une semaine, pas plus est un immense succès à l'international que Clément Michel aimerait bien aller voir en Argentine où le spectacle est un véritable phénomène. Et ce n'est pas fini, deux textes inédits seront bientôt présentés. D'abord, Père ou Fils, qui se jouera au Théâtre de la Renaisance à la rentrée dans une mise en scène d'Arthur Jugnot et David Roussel. Une histoire d'échange de corps entre Patrick Braoudé et Arthur Jugnot, à la Big ou Camille redouble. Puis Noël Joyeux, qui verra un couple désireux de faire une bonne action accueillir le soir de Noël une vieille dame acariâtre. Et en attendant, Clément Michel est en ce moment à l'affiche de son Addition (2016) à Avignon dans le OFF.