« Le public va voir ce qu’il sait qu’il va voir »
Pour sa troisième rencontre cannoise, la SACD recevait sur son stand Rémi Jimenez, directeur général adjoint de M6 Films, et Thierry Desmichelle, directeur général de SND.Rémi Jimenez a peu de contact avec les auteurs. La vocation de M6 Films est en effet d’essayer d’aller chercher les films qui seront diffusés en première partie de soirée sur M6, l’unique média dont ils ont les droits, a expliqué Rémi Jimenez au cours de la rencontre avec les auteurs sur le stand de la SACD. Ils interviennent donc en fin de parcours sachant que les projets arrivent déjà montés par les producteurs. Et c’est vrai qu’en matière de choix éditoriaux, la comédie occupe une place importante. D’autant plus qu’un film ayant rencontré un succès en salles sera davantage regardé à la télévision, a-t-il poursuivi avant d’ajouter : « On espère toujours que nos films fassent partie du top 20 des succès en salles. »
M6 investit 18 millions d’euros par an dans une dizaine de films, c’est le montant de ses obligations.
A l’inverse, SND n’a pas de ligne éditoriale (considérant avant tout qu’un film c’est une histoire) et peut être amené à s’engager très en amont sur les projets. « Notre mode de raisonnement est simple : lorsque les scripts arrivent, nous nous demandons s’ils sont bons sur le plan technique, si le film est visuel, si l’histoire est bonne, quel est le public, quelles seront les entrées en France, à l’international… », détaille pour sa part Thierry Desmichelle avant d’ajouter une question primordiale : « Est-ce qu’on sait le vendre ? ». « Le public ne va voir en salles que ce qu’il sait qu’il va voir », explique-t-il. Donc, si un film est très bon mais qu’il est compliqué à expliquer, il ne sera vraisemblablement pas retenu.
Et l’attrait de SND ne s’arrête pas à la fiction. « SND aime beaucoup sortir des films d’animation en salles, c’est un genre après lequel nous courrons », lance Thierry Desmichelle. Même enthousiasme du côté de M6 Films : « Nous allons sur des longs métrages d’animation si ce sont des films suffisamment forts pour être diffusés en première partie de soirée sur M6 », surenchérit Rémi Jimenez avant d’ajouter que c’est compliqué parce qu’extrêmement concurrentiel et que les grands studios en sortent beaucoup. Pour autant, M6 tire largement son épingle du jeu avec à son actif Ballerina, Pourquoi j’ai pas mangé mon père ou Astérix et Obélix. L’animation est un secteur d’excellence français reconnu dans le monde entier. Du coup, il est même possible que M6 Films et SND interviennent ensemble sur un film.
Comment sont sélectionnés les projets ?
Ils reçoivent de tout : des scripts, des adaptations, des livres, des idées de synopsis… « Nous recevons plus de 1000 projets par an et mettons un peu de temps à les lire malgré le fait que nous soyons nombreux, explique Thierry Desmichelle qui souhaite une analyse personnelle des lecteurs et un point de vue de marché. Sur leurs fiches de lecture, aucun critère prédéfini. Nous demandons à nos lecteurs de faire remonter leurs coups de coeur, même si ce n’est pas totalement adapté à la ligne éditoriale de M6, défend Rémi Jimenez. Pour sa part, Thierry Desmichelle affirme qu’il lit les scénarios sans connaitre le casting. Il s'attache ainsi à l’histoire et fantasme même si, in fine, il n’a jamais de grosses surprises sur le casting. « Souvent, je lis un scénario puis une fiche de lecture et je ne suis pas d’accord avec le lecteur. Alors, je l’appelle pour comprendre et on en discute. » Mais qui sont donc les lecteurs de M6 Films et SND ? Pas moyen d’obtenir un seul nom. « Il y a de tout, y compris des scénaristes mais on les cache. Nous leur demandons avant tout d’être cash, sans filtre », a juste concédé Thierry Desmichelle.
Plus d’argent dans la fiction
Outre ses fonctions à SND, Thierry Desmichelle a repris parallèlement la responsabilité de la fiction sur M6 il y a un an. « Nous allons devoir mettre plus d’argent dans la fiction, dans la série », a-t-il annoncé avant de préciser que l’international va leur permettre de le faire. Et d’expliquer : « Notre objectif premier est de développer des séries pour nos antennes. Mais nous ne nous interdisons rien », insiste-t-il avant d’annoncer une « belle augmentation quantitative du volume produit ». Quant aux formats, pas question de s’arrêter aux formats courts. Leur seule réticence porte sur le 26 minutes qui n’est pas retenu pour les antennes du groupe. Pour les formats plus longs, oui, ils seront développés. Et « quand on est en co-production sur un film, nous sommes très impliqués et nous allons beaucoup dans le détail. Nous mettons les mains dans le cambouis avec les auteurs », prévient Rémi Jimenez. Avis aux auteurs.