Hommage à Jean-Pierre Marchand
Caroline Huppert, vice-présidente Télévision de la SACD, salue la mémoire du réalisateur.Le réalisateur Jean-Pierre Marchand est décédé à l’âge de 94 ans à Paris le 4 novembre 2018.
J’ai connu Jean-Pierre Marchand au Conseil d’administration de la SACD, dont il a été membre entre 1992 et 2003 et premier vice-président sur l'exercice 1994-1995. Il y a défendu avec constance l’intégrité des œuvres audiovisuelles, militant contre les coupures publicitaires et les incrustations de logos. Il a poussé ce combat si loin que cela l’a quelque peu isolé et a sans doute freiné sa carrière à partir de la privatisation de TF1 en 1986. Mais auparavant ce réalisateur s’était imposé comme l’un des meilleurs de la télévision de l’époque avec de très nombreux téléfilms, séries, et documentaires. J’avais particulièrement aimé Yvette d’après Maupassant, dont la sobriété pudique laissait s’épanouir toute la gamme des émotions, et aussi La Dictée et La Vallée des espoirs, des séries écrites par Jean Cosmos et Jean-Pierre Sinapi.
La plupart de ses « dramatiques » et « feuilletons », selon les termes de l’époque, montraient une attention à l’autre et des préoccupations sociales qui caractérisaient le talent multiforme de Jean-Pierre Marchand. Digne représentant de la fameuse école des Buttes-Chaumont, il savait passer avec brio d’un genre à l’autre, fiction ou documentaire. Mais le militant du parti communiste (de 1950 à 1981) restait fidèle à ses préoccupations en montrant toujours une grande attention aux autres et à la société. Son épouse, Anne-Marie Marchand (disparue en 2005), créatrice de costumes à la SFP, a été récompensée par l’Oscar des meilleurs costumes pour Le retour de Martin Guerre de Daniel Vigne.
À la SACD, ceux qui l’ont connu garderont le souvenir d’un homme qui argumentait avec douceur et ténacité. Ardent défenseur du droit d’auteur comme valeur fondamentale, il guidait volontiers les plus jeunes d’entre nous vers cette certitude.
Caroline Huppert, vice-présidente.