France Télévisions : des engagements continus, des films toujours indisponibles en rattrapage
Pour sa première rencontre de cette 70e édition du Festival de Cannes, la SACD a accueilli sur son stand Valérie Boyer, directrice générale de France 2 Cinéma, et Cécile Négrier, directrice générale de France 3 Cinéma.
Chaque année, France Télévisions investit environ 60 millions d'€ dans le cinéma, répartis sur une soixantaine de films. Comme l'ont rappelé les deux responsables des filiales cinéma du service public, France Télévisions est le groupe de télévision en clair qui consacre les plus forts investissements au cinéma, avec 3,5% du chiffre d'affaires qui doit y être consacré.
France 2 Cinéma a un budget global de 36 millions d'euros et peut consacrer sur chaque film des investissements très variables, pouvant aller de 200 000 à 2 millions d'euros.
Le budget de France 3 Cinéma est légèrement inférieur, de l'ordre de 22 millions d'euros et un montant moyen d'investissement par film qui s'établit à 750 000 euros.
Maître-mot : diversité
La stabilité des engagements financiers du groupe public s’accompagne d’une continuité dans les choix d’investissements : pour France 2, c’est celui de la diversité qui permet de participer à des films à fort potentiel (La Famille Bélier) et d’autres aux succès plus incertains, de passer de films généralistes à d’autres plus pointus. France 2 a ainsi investi dans les derniers films de Mathieu Amalric, d’Arnaud Desplechin ou de François Ozon. Du côté de France 3, la diversité est aussi un maître-mot, de même que la volonté particulière de la chaîne de confirmer son soutien à l’animation.
La baisse des engagements de Canal +, liée notamment à la contraction de son chiffre d’affaires, semble commencer à avoir des conséquences sur le financement des films. C’est le constat fait par les deux responsables cinéma : "France Télévisions commence à voir arriver des projets avec des contractions de chiffrage de la télévision payante." Une évidence toutefois : le service public ne peut être là pour combler ces déficits de financement.
Cinéma en rattrapage, un défi encore à relever
L’actualité pour France Télévisions, c’est également le lancement en fin d’année d’un site de vidéo à la demande dans lequel les films de cinéma seront présents, France Télévisions disposant aujourd’hui d’un catalogue de 1 200 titres.
L'an dernier, sur ce même Pavillon des auteurs, Cécile Négrier et Valérie Boyer avaient souligné à quel point rendre les films disponibles en télévision de rattrapage était indispensable. Un an plus tard, elles ont fait le constat que la situation n'avait pas avancé, les films étant toujours indisponibles. Elles ont regretté cette absence d'avancée, d'autant plus que l'évolution des usages rend l'invisibilité du cinéma sur ce mode de consommation délinéarisé préjudiciable pour le cinéma, alors que tous les autres genres y sont présents. A terme, "les études montrent que 50% des consommations se feront en délinéarisé". Un constat qui, selon Pascal Rogard, qui animait la rencontre, rend plus que nécessaire d’assurer la présence des films en rattrapage.