Hommage à Trisha Brown
Stéphanie Aubin, administratrice déléguée à la Danse de la SACD, salue la mémoire de la danseuse et chorégraphe américaine, disparue le 18 mars.
Trisha rewind !
Hier, une grande, très grande dame, nous a quittés ; Trisha Brown est morte.
Cette phrase est insensée à écrire tant son oeuvre a fertilisé des générations entières de chorégraphes.
Celle qui nous a appris l'agilité, l'impertinence, l'irréductibilité, celle qui aimait les contraintes pour le plaisir d'avoir à inventer les façons de les transgresser, celle qui savait nous faire désapprendre pour connecter de nouvelles et improbables circulations a fini sa vie hier dans une maison de retraite du Texas loin de sa famille artistique mais près de sa sœur…
Elle a été reconnue par ses pairs ; Denise Luccioni qui a suivi tout son parcours (et à qui nous devons la remarquable traduction de Terpsichore in sneakers - précipitez vous) nous cite avec gourmandise le motif du Gish Prize : "outstanding contribution to the beauty of the world and to mankind’s enjoyment and understanding of life". ...pour sa contribution majeure à la beauté du monde et au plaisir et à l'intelligence de la vie que les humains en tirent...
On ne peut pas mieux dire, mais toute l'Amérique pourrait encore plus, encore mieux s'enorgueillir de ce génie joyeux, de cette fulgurance torsadée qui, de spirales en réseaux, contaminait les corps autant que les cartes neuronales de ceux qui la dansaient ou la voyaient... Sa danse virale était d'une complexité folle, mais semblait jaillir si spontanément qu'elle avait l'élégance de l'évidence...
On aura du mal à s'en remettre, d’autant plus qu'elle nous a fait croire que l’on pouvait, à coup de rewind, apprendre à dé-sauter (cf Solo Olos, intégré à Line Up). On se demande si elle ne voudrait pas aussi dé-mourir...
Stéphanie Aubin