Disparition de Bertrand d’At
Daniel Larrieu lui rend hommage.
Nous apprenons avec une grande tristesse la disparition du chorégraphe Bertrand d’At. L'ancien directeur du Ballet du Rhin est décédé hier soir à Mulhouse. Il aurait eu 57 ans le 23 juillet prochain. Il vivait à Mulhouse où il a dirigé de mai 1997 et pendant une quinzaine d'années le Ballet de l'Opéra national du Rhin. En quittant ses fonctions, il disait avec pudeur à propos de sa relation avec les danseurs : « On est un peu les enfants mutuels des autres. » Porté par l’esprit de la découverte, du partage et de la curiosité, il disait aussi « les cultures des autres pays sont passionnantes. C’est une manière de comprendre, de l’intérieur, le monde des autres. »
Seuls les nuages sont éternels est le titre de sa dernière création pour le Ballet national de Chine. Le ciel de la danse s’est soudainement obscurci. Nos pensées accompagnent la douleur et le chagrin de sa famille, de ses proches, de ses collaborateurs et de ses ami’e’s.
Né en 1957, il commence ses études de danse au Conservatoire de Dijon sous la direction de Jean Serry, puis à l'école Mudra à Bruxelles, sous la direction de Maurice Béjart. Il intègre le Ballet du xxe Siècle à partir de 1978 et y danse tout le répertoire. Avec Dionysos (1984), il assiste Maurice Béjart à la chorégraphie. Il est ensuite maître de ballet au Ballet du xxe Siècle, puis au Béjart Ballet Lausanne et remonte les chorégraphies de Maurice Béjart un peu partout dans le monde.
En 1993, il est nommé codirecteur artistique du Ballet Cullberg en Suède avec Carolyn Carlson. Il crée ses propres chorégraphies dès 1984, notamment Am Rande der Nacht, pour le Ballet du xxe Siècle, Jours tranquilles pour les Nouveaux Ballets de Monte-Carlo (1985), Les Éléments pour le Ballet national de Nancy (1987), Mourir étonne pour les solistes du Béjart Ballet Lausanne (1989), Roméo et Juliette pour le Ballet du Rhin (1990), Ein Tanzpoem pour le Ballet de l'Opéra de Zurich, Dichterliebe pour les Nouveaux Ballets de Monte-Carlo (1994). En mai 1997, il est nommé à la tête du Ballet de l'Opéra national du Rhin. Depuis son arrivée, il a créé pour la compagnie une version très personnelle du Lac des cygnes (1998), la première version en France du Prince des pagodes de Benjamin Britten (2002), Le Chant de la terre de Gustav Mahler (2005). En plus des conférences dansées qu'il anime chaque saison, il a créé pour le jeune public, dans le cadre du programme Rêves, une nouvelle version de L'Histoire du soldat (2007) ; Mathis le danseur d'après son livre édité par l'Opéra national du Rhin (2008), Pierre et le loup (2009) et Danseurs et magiciens (2010). Il a créé pour le Ballet de Shanghaï, une chorégraphie librement inspirée du film In the Mood for Love (2006) ainsi qu'un spectacle autour de la pianiste Angelin Chang : Oiseaux exotiques (2008). Il est invité dans le cadre des échanges France-Vietnam à créer pour le Ballet national du Vietnam Un amour dans la forteresse et Les oiseaux de la liberté (2010) ainsi que pour le Ballet national de Chine Seuls les nuages sont éternels (2012).
Il a quitté ses fonctions de directeur de la danse au BONR à la fin de la saison 2012, et reprend sa carrière de maitre de ballet et de chorégraphe free-lance. Il était officier des Arts et des Lettres.