Hommage à Marcel Zang
Louise Doutreligne, première vice-présidente de la SACD, salue la mémoire de l'auteur nantais disparu le 21 mai. Il avait reçu le Prix nouveau talent Théâtre de la SACD en 2010.
Marcel Zang à la SACD en 2010. photo : Julien Attard
L’écrivain français d’origine camerounaise Marcel Zang est décédé samedi. Marcel Zang est né au Cameroun, où il a passé les neuf premières années de sa vie, avant de s’installer en France avec sa famille. C’est à l’âge de 62 ans, après une « longue maladie » qu’il s’est éteint samedi 21 mai à Nantes. Dramaturge, poète et nouvelliste, il a publié plusieurs textes dont L’Exilé, prix 2005 de la SACD de la dramaturgie francophone que j’ai eu le plaisir de lui remettre aux Francophonies de Limoges, suivi de Bouge de là (Actes Sud-Papiers, 2002) et de La Danse du pharaon (Actes Sud-Papiers, 2004), mise en scène à la Comédie française. Prix talent nouveau Théâtre de la SACD en 2010.
Je préfère en guise d’hommage lui laisser la parole. En mai dernier, il publiait dans les colonnes de Jeune Afrique une tribune à l’occasion de La journée des mémoires de la traite négrière, des esclavages et de leurs abolitions, où il poussait un cri contre le pays des Droits de l’homme, accusé de ne pas regarder son passé en face, se résignant à seulement célébrer la mémoire des abolitionnistes. Écoutons-le : « J’aimerais pouvoir me plier au devoir d’aveuglement, au devoir d’irresponsabilité, au devoir d’oubli, mais je ne peux pas, je n’y arrive pas ; et je ne peux pas m’empêcher de le ressentir comme un blasphème, un absolu mépris, une insulte de plus (…) Toute l’onction semble aller aux bourreaux, aux geôliers-libérateurs, et quant à la place accordée aux victimes, aux prisonniers, aux résistants, jugez-en : si peu de traces au détour d’une page d’écolier rappelant à mes enfants noirs et blancs la vie qui fut la mienne des siècles durant, si peu de larmes d’amour et bien peu de mots où poser ma joue endeuillée par tant de silence ; et pas une seule statue de nègre, ni même seulement une petite pierre de leur douleur ou de leur courage sur tout le territoire français, à Nantes, Bordeaux, La Rochelle… Paris, tous ces lieux hautement emblématiques de la Traite, de l’ignominie, rien… pas une stèle, un monument officiel, un mémorial, quelque chose de fixe, une plaque, un œil, une tranchée, un obel, un obélisque à soi, un doigt, le moindre élément commémoratif, rien !… Mais si. Un mémorial… de l’abolition de l’esclavage à Nantes, dit-on, vous avez bien lu, pour y célébrer les abolitionnistes, encore. » Lisons-le, relisons-le, diffusons son œuvre !
Louise Doutreligne