Laurent Ruquier : confidences d'un "enfant de la télé bercé à Au théâtre ce soir"
L'auteur et humoriste était au mois de juin l'invité d'Olivier Barrot pour Mots en scène, le cycle de rencontres SACD dédié à l'écriture dramatique. Il s'y est raconté en toute liberté en remontant le fil de son œuvre, sans oublier de glisser bien sûr de savoureux bons mots.Animateur télé et radio dont la popularité ne se dément pas, Laurent Ruquier est aussi auteur de théâtre à succès depuis une quinzaine d'années. L'envie d'écrire des pièces remonte à plus longtemps encore. Laurent Ruquier se définit comme "un enfant de la télé bercé à Au théâtre ce soir". "J'allais me coucher et je m'endormais en réécrivant les pièces diffusées dans l'émission, en choisissant d'autres acteurs."
Histoire vraie
En 1995, alors que son émission Les Niouzes est retirée en catastrophe de l'antenne sur TF1 quelques jours après son lancement, il se retrouve avec un emploi du temps très dégagé et tout le loisir d'écrire enfin une pièce. "Je cherchais un sujet et il m'a semblé plus simple de partir d'une histoire vraie. Je me trompais, c'est plus simple d'imaginer en fait." La romancière Françoise Xenakis lui souffle l'idée de raconter l'affaire Landru, du nom du tueur en série condamné à mort en 1921 pour le meurtre de 11 femmes, dont il faisait disparaître les corps dans sa chaudière.
Laurent Ruquier se lance dans d'intenses recherches mais mettra 10 ans pour monter la pièce. Au départ, l'auteur avait imaginé confier le rôle à Daniel Prévost, qui souhaitait jouer tous les rôles, celui d'Henri Désiré Landru et celui de ses victimes. Ce sera finalement Régis Laspalès. "Un excellent acteur, qui n'avait sans doute pas la séduction que requerrait le rôle mais qui en a fait quelque chose d'incroyable." Composer avec des changements de distribution, une constante dans la carrière théâtrale de Laurent Ruquier.
Le chef de bande
Avant Landru, la première pièce qu'il met sur pied est La presse est unanime au Théâtre des Variétés en 2002. Sur scène, aux côtés d'Isabelle Mergault, la plupart de ses camarades de télé, Steevy Boulay, Gérard Miller... qui font là leurs premiers pas d'acteurs. "Ils ne m'en voudront pas de dire que c'était un choix par défaut. Car on m'a refusé des comédiens. J'ai entendu de la part de directeurs de théâtre des "Pas de Michel Roux chez nous", il faut le dire !" La pièce sera un succès mais paradoxalement la présence de comédiens non-professionnels lui sera reprochée. "Ils se sont bien débrouillés mais ça m'a porté préjudice."
Dans sa pièce suivante, Grosse châleur, il fait appel à davantage de comédiens de métier (Catherine Arditi, Jean Benguigui, Brigitte Fossey...) mais aussi pour l'un des rôles principaux à un autre amateur, le journaliste Pierre Bénichou. Une expérience compliquée... "Il rêvait de faire ce métier mais il a détesté ça. Il ne comprend pas ce qu'est être acteur. Il était malheureux et s'endormait parfois sur scène. Patrice Leconte a eu beaucoup de difficultés à le diriger. Mais les gens l'aimaient." Grosse châleur est encore aujourd'hui une des pièces les plus reprises de l'auteur. "Souvent l'été, par des compagnies amateur. J'en suis ravi. Je suis content que les pièces vivent et donne toujours l'autorisation."
Laurent Ruquier retrouve ensuite Isabelle Mergault pour laquelle il écrit volontiers, à sa demande à elle, Si c'était à refaire, une comédie qu'il avait imaginé dans la veine de Fleur de Cactus de Pierre Barillet, avant que l'originale ne revienne à la mode. La comédienne lui inspirera encore le personnage principal d'En haut de l'affiche, une commande de comédie musicale autour des chansons de Charles Aznavour, même si c'est Diane Tell, qui tiendra le rôle au final.
En prise avec l'actualité
Autres pièces, plus récentes : Parce que je la vole bien autour de l'affaire Bettencourt et Je préfère qu'on reste amis, une comédie romantique écrite pour Michèle Bernier (qui était présente dans la salle), sur leurs expériences sentimentales communes "de bon copain/bonne copine qui fait rire mais avec qui ça s'arrête là".
Laurent Ruquier a enfin évoqué son prochain spectacle, A droite, à gauche qui se jouera au mois de septembre au Théâtre des Variétés. Une comédie sur les rapports de classe avec Francis Huster en artiste de gauche fortuné et Régis Laspalès en chauffagiste de droite (aux répétitions, il me disait "Chaque fois qu'il y a une chaudière, tu m'appelles."). "Le personnage d'Huster, c'est un peu moi et celui de Laspalès, le milieu d'où je viens." A l'approche des primaires pour la présidentielle de 2017, le spectacle devrait assurément résonner avec l'actualité.