Nathalie Coste Cerdan annonce une stabilité des investissements de Canal+ à l’avenir
Pour le lancement de ses rencontres professionnelles à Cannes, la SACD a reçu Nathalie Coste Cerdan, la nouvelle directrice du cinéma pour le groupe Canal +, qui a succédé récemment à Manuel Alduy.En 2013, le groupe Canal+ a confirmé son rôle de partenaire du cinéma, avec des obligations d’investissement dans la création cinématographique qui restent importantes : 12,5 % de ses ressources totales dans des œuvres cinématographiques européennes, dont 9,5 % dans des œuvres EOF doivent être consacrés à l’investissement dans le cinéma.
Les montants exacts de cet investissement sont contestés : le chiffre avancé par le CNC (160 millions d’euros et une baisse de 15 % par rapport à 2012) ne correspond pas à celui de Canal+ qui évoque une baisse limitée à 5 %. L’explication réside dans le décalage de la date de prise en compte de l’investissement de Canal+. En revanche, Nathalie Coste Cerdan tenait à souligner qu’il y aurait une stabilité des investissements de Canal+ à l’avenir. En effet, les engagements de Canal+ n’ont pas les mêmes fluctuations que ceux des chaînes gratuites dont le chiffre d’affaires est très lié à des recettes publicitaires beaucoup plus fluctuantes que les recettes d’abonnement.
Pour l’année 2013, Canal+ a investi dans 126 films, soit près de la moitié des films agréés par le CNC.
L’arrivée de Nathalie Coste Cerdan se situe dans la continuité de la politique de Canal + à l’égard du cinéma. Les procédures de décision de financement des films n’ont pas évolué et l’exigence de Canal+ reste de pouvoir avoir une offre très diversifiée de films à destination de ses abonnés, d’autant plus qu’il n’y a pas un profil-type de l’abonné à Canal+. Les attentes sont donc multiples.
Une attention particulière sera désormais marquée à l’égard de l’éditorialisation des films « difficiles » ou des premiers et seconds films. A cet égard, Canal+ achète chaque année une trentaine de premiers films.
La force de Canal+, c’est la combinaison entre l’offre linéaire et l’offre non-linéaire qui est unique.
D’une part, l’offre linéaire permet de garantir des rendez-vous et des cases. Des labels viennent aussi d’être lancés pour mettre en avant chaque mois un film coup de cœur. Elle offre des repères aux téléspectateurs, garantit un cadre. Le travail d’éditorialisation est évidemment essentiel. Ainsi, sur Canal+, le mardi est la soirée d’un cinéma « de prestige », le vendredi est davantage axé sur la détente et la comédie, le samedi concentre un public plus âgé et s’oriente davantage vers le cinéma polar, le mercredi s’adresse à un public davantage féminin. Pour autant, Canal+ n’entend pas aller vers le formatage ou l’uniformisation. Nathalie Coste Cerdan donne un exemple de cette diversité éditoriale avec la diffusion récente de Tomboy de Céline Sciamma en première partie de soirée. De manière générale, Canal+ ne tient pas uniquement compte de l’audience mais aussi du degré de satisfaction des abonnés.
Pour compléter son offre linéaire, Canal+ dispose aussi du droit de diffuser chaque œuvre 40 fois sur ses antennes.
D’autre part, l’offre non linéaire, MyCanal, répond à une demande particulière, dans lequel le public est actif et souhaite découvrir par lui-même des films, sans médiation.
Cette combinaison du linéaire et du non-linéaire est essentielle : elle permet de se distinguer de toutes les autres offres de vidéo à la demande, qui ne peuvent faire la même proposition à leurs abonnés, et tenir compte de la diversité des attentes du public. Au sein d’un même foyer, désormais, il peut y avoir en même temps plusieurs consommations sur plusieurs supports (télévision, tablettes, PC…).
Aujourd’hui, la télévision de rattrapage représente 10 à 15 % de la consommation des films. C’est donc un relai intéressant pour l’exposition des films, d’autant plus que la diffusion linéaire tend globalement à fléchir.
Face à cette nouvelle donne, Canal + compte renforcer l’éditorialisation de son offre et utiliser les ressources des nouvelles technologies pour garantir la satisfaction de ses abonnés.