« L’engagement de France Télévisions est un pilier du financement du cinéma français »
Pour sa première rencontre cannoise, la SACD a reçu les directrices générales de France 2 et France 3 Cinéma, Valérie Boyer et Cécile Négrier.L’engagement de l’audiovisuel public, a rappelé Pascal Rogard, directeur général de la SACD qui animait ce débat, est un élément important et un pilier du financement du cinéma français.
Chaque année, France Télévisions doit consacrer 3,5% de son chiffre d’affaires à des investissements dans la création cinématographique avec un minimum de 60 millions d’euros par an. Cette trajectoire financière permanente a pour corollaire la continuité des lignes éditoriales.
Ligne éditoriale « citoyenne » et « éclectique » pour France 3
Celle de France 3 se veut à la fois « citoyenne » et « éclectique », avec une volonté de réfléter la diversité de la société, d’observer les mutations sociales et d’aborder des thématiques diverses : la précarité ( avec le film Les Invisibles de Louis-Julien Petit) ; l’école (avec le prochain film de Grand Corps Malade), les dérives sectaires (avec l’oeuvre de Sarah Suco) ; l’hypersexualisation des jeunes filles (avec le prochain film de Maimouna Doucouré).
Les choix de France 3 témoignent aussi du souci de faire émerger des nouveaux talents. La moitié des engagements pris l’est avec des premiers et seconds films.
Les investissements peuvent se répartir entre fiction, animation et documentaire, même si ce dernier genre reste à la marge dans la politique cinématographique du service public.
« Une place pour l'imaginaire sur France 2 »
France 2 est trés présent durant le festival de Cannes avec beaucoup de films programmés, et notamment ceux de Ken Loach, des frères Dardenne, de Nicolas Bedos, de Justine Triet. Tous ces films reflètent le travail et les choix de la filiale. Pour autant, les oeuvres financées par France 2 ne se font pas toujours l’écho de la réalité sociale ni des problématiques contemporaines : « Il doit aussi y avoir une place pour laisser libre cours à l’imaginaire des cinéastes. »
Les choix de France 2 ont vocation à accompagner des auteurs et également à nourrir l’antenne.
D’ailleurs, les choix définitifs d’investissement de France 2 comme de France 3 sont pris par un comité commun au sein de France Télévisions, rassemblant, au-delà des filiales, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, Takis Candilis, directeur général en charge des programmes ainsi que les directions en charge des acquisitions et de la programmation.
Les jours interdits
Alors que le projet de supprimer France 4, qui diffuse chaque année environ 150 films et qui représente près de 30% de l’offre de cinéma du service public, est toujours d’actualité, Cécile Négrier et Valérie Boyer ont formulé deux demandes d’assouplissement du régime de diffusion des films : la levée des jours interdits afin de laisser plus de créneaux pour la programmation des films et éviter les concurrences frontales entre films ; la possibilité d’exposer les films en télévision de rattrapage.
Pascal Rogard a rappelé que le ministère de la Culture venait de lancer une consultation publique sur les jours interdits, une réglementation qu’il a qualifié de «pénalisante pour les auteurs ».
Tirant un bilan de l’assouplissement qui avait été accordé en 2012 à France 4, qui a bénéficié du droit de diffuser des films le mercredi soir, un jour normalement « interdit », Cécilé Négrier a considéré qu’il était globalement positif. Editorialement, il a ainsi été possible d’utiliser ce nouveau créneau pour oser des propositions plus risquées et offrir un cinéma d’auteur pour un public plus jeune, sans avoir à subir la concurrence d’autres films sur ce créneau.
A une question posée par un auteur sur le meilleur moyen de proposer un projet à France Télévisions, les deux responsables du cinéma ont tenu à souligner quelques principes de base : le scénario doit déjà être abouti ; FTV n’intervient pas directement au niveau du développement du projet, entraînant de fait la présence nécessaire d’un producteur ; quant au casting, s’il n’est pas indispensable, il peut aussi aider à visualiser la cohérence du projet présenté.