Hommage à Marceline Loridan-Ivens
Sophie Deschamps, présidente de la SACD, salue la mémoire de la cinéaste, disparue le 18 septembre dernier.Marceline Loridan-Ivens nous a quittés.
Petite, frêle, flamboyante, élégante, militante, rebelle et rieuse elle restera dans nos mémoires l’exemple même de la vie.
Cette volonté de vie lui a donné la force de survivre aux camps de la mort. Internée à 16 ans à Auschwitz-Birkenau avec Simone Veil, elle parlait de la solidarité qui leur avait permis de tenir. « On avait le culot et l’optimisme de l’adolescence. On avait soif, on avait faim ensemble et on chantait. » Malgré les coups, malgré les morts, la maladie, les humiliations constantes. Elle disait aussi que Simone Veil était « sa jumelle contradictoire ». Elles n’avaient pas la même vie, ni les mêmes opinions, mais elles seules pouvaient se parler de l’indicible, de ce que personne ne voulait comprendre ni même entendre au sortir de la guerre.
Marceline Loridan épousa Joris Ivens en 1961, elle rajouta son nom à celui de son premier mari. Marceline n’était pas du genre à soustraire. Elle additionnait ses passions, ses amis, ses curiosités. Joris et Marceline tournèrent ensemble pendant vingt ans des séries de documentaires qui restent des témoignages essentiels.
En 2003, 58 ans après la guerre, elle écrit et réalise La Petite Prairie aux bouleaux. Anouk Aimée y joue une rescapée qui retourne pour la première fois à Birkenau lors de la commémoration annuelle des anciens déportés. Film absolument bouleversant.
Je n’oublierai jamais ce voyage que nous avons fait ensemble en rentrant des rencontres de l’ARP, les anecdotes qu’elle racontait, son rire éclatant et ses larmes furtives. Une boule d’émotion avec l’humour comme seul rempart.
Sophie Deschamps