Hommage à Jean-Pierre Vincent
La metteure en scène Panchika Velez salue la mémoire de cette personnalité du théâtre français, disparue le 4 novembre dernier.« Je ne fais ce métier encore, que pour apprendre toujours quelque chose… Il y a une jouissance à produire de l’action théâtrale… A découvrir dans les œuvres du passé quelque chose que mes prédécesseurs n’ont pas vu… Je fais du théâtre pour ceux que je considère de ma société, qu’ils viennent ou ne viennent pas… »
Ces phrases de Jean-Pierre Vincent, extraites d’une récente interview à France Culture, disent beaucoup de ce metteur en scène engagé qui vient hélas de nous quitter.
Je me souviens notamment de l’incandescence d’On ne badine pas avec l’amour aux Amandiers, ou de la puissance de Derniers remords avant l’oubli à l’Odéon…
Dans chacun de ses spectacles, la distribution, la direction de jeu étaient un enseignement pour bien des metteurs en scène et une jubilation pour le public tant elles étaient justes et puissantes. Sans avoir eu hélas la chance de le rencontrer, je sais aussi l’engagement passionné de Jean-Pierre Vincent, pédagogue, directeur de lieux et non des moindres : du TNS à la Comédie Française, puis aux Amandiers de Nanterre, il a participé à l’aventure du Théâtre Public en favorisant toujours la transmission et en affirmant sa pensée marxiste. Il revendiquait volontiers l’influence brechtienne sur son art. Ayant créé récemment Georges Dandin de Molière il disait, disséquant les comportements sociaux des personnages, que Dandin transgresse son appartenance de classe.
Jean-Pierre Vincent a été l’auteur de spectacles forts et justes dès ses premières œuvres, dès ses débuts, en compagnonnage avec Jean Jourdheuil et Patrice Chéreau.
En ces temps si douloureux pour nos sociétés, à un moment où Art et Culture ne semblent pas considérés par les gouvernants comme des biens essentiels, il est particulièrement triste de voir partir ceux qui contribuaient tant à leur transmission et à leur rayonnement.
Panchika Velez, vice-présidente théâtre de la SACD