Hommage à Jean-Pierre Bacri
La dramaturge Denise Chalem, première vice-présidente de la SACD, rend hommage à l'auteur, disparu le 18 janvier dernier.Au moment où notre pays le pleure et réalise soudain qu’il vient de perdre un acteur unique et irremplaçable, il ne s’agit pas ici de faire un hommage de plus, mais d’énoncer avec force une évidence : au nom de toutes les autrices et les auteurs qui la constituent, la SACD vient de perdre l’un des siens. Un de ses dramaturges et scénaristes les plus brillants. Il faut se souvenir que très tôt déjà, tout a commencé au théâtre. Dès 1977, Jean-Pierre Bacri écrit sa première pièce : Tout simplement ; puis en 1978, Le timbre ; en 1979, Le doux visage de l’amour pour laquelle il obtient le Prix de la Vocation, et en 1982, Le grain de sable, couronné par le Prix Tristan Bernard.
Avec le Molière de l’auteur en 1992 pour Cuisine et dépendances, co-écrit avec Agnès Jaoui, tout s’accélère et commence alors une magnifique collaboration pour le cinéma. Dès 1999, la SACD leur décerne le Prix Henri-Jeanson, qui récompense l’humour, l’insolence et la puissance dramatique. C’est tout cela désormais qu’ils mettront au service du 7ème art avec l’immense succès que l’on connaît. Récompensés par quatre Césars du meilleur scénario pour Smoking /No smoking, Un air de famille, On connaît la chanson et Le goût des autres. Mais le palmarès ne s’arrête pas là, il donne tout simplement le vertige : deux fois Lumière du meilleur scénario, Prix du Cinéma européen du meilleur scénariste à deux reprises, Prix René Clair, Prix du scénario au Festival de Cannes… Et ce sont les mêmes, Agnès et Jean-Pierre, qui un soir, il y a quelques années, ont conviés quelques amis, à la pré-projection d’un de leurs films, encore en montage, pour recueillir les impressions, car ils doutaient ! Cette soirée, je ne l’oublierai jamais.
Il me plaît à penser que c’est cette exigence creusée et forgée au théâtre qui a fait d’eux nos plus grands scénaristes. Et réalisatrice pour Agnès.
Tournons-nous vers la vie : chère Agnès Jaoui, c’est la SACD tout entière qui est à tes côtés aujourd’hui, pour te souhaiter la force et le courage nécessaires pour continuer à nous faire vibrer et à nous enchanter.
Denise Chalem, Première vice-présidente