Hommage à Eric Assous
La dramaturge et première vice-présidente de la SACD Denise Chalem salue la mémoire de l'auteur, disparu ce lundi 12 octobre.C’est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès d’Eric Assous. D’abord, une pensée très émue pour sa famille et ses proches. Pour le cinéma, la télévision, la radio et le théâtre la perte est immense. Un auteur incroyablement prolixe vient de nous quitter : 80 pièces radiophoniques pour la chaîne France Inter, scénariste pour les plus grands, réalisateur lui-même, et surtout auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre.
Aujourd’hui le théâtre est donc orphelin, puisque chaque année, le nouvel Assous était attendu avec gourmandise. Les plus grands acteurs ne s’y sont pas trompés, il fallait en être. Un succès jamais démenti car, en toute confiance, à chaque pièce, le public prenait le chemin du théâtre les yeux fermés. Sûr d’assister à un moment magique tant la précision diabolique des dialogues et la folie des situations emportent tout. Cet homme né à Tunis (cela a son importance), le cheveu en bataille, si timide et doux, nous a tellement fait rire. J’ai souvenir d’un scénario écrit par lui dans lequel j’ai eu le bonheur de jouer. Lors de la lecture préparatoire au tournage, autour de la table, les dialogues fusaient. Lorsque l’un d’entre nous proposait un changement, Eric plongeait littéralement dans son texte, acceptait, riait, biffait, suggérait… Et pourtant Dieu sait qu’il aurait pu « la ramener ! ».
Deux fois Molière de l’auteur francophone vivant, Grand Prix du Théâtre SACD, Grand Prix du théâtre de l’Académie Française. Tout cela était le fruit d’un travail acharné : « J’écris beaucoup, j’écris tous les jours, j’écris cinq à six heures par jour… ». Et j’ajouterai avec un sens de la formule inimitable. Il me revient en mémoire, le titre - délicieux - de son premier film : Les gens en maillot de bain ne sont pas (forcément) superficiels.
Comme il va nous manquer cet humour élégant. Mais les écrits restent, ses pièces sont à l’affiche. Il suffit de courir les voir et les entendre, chaque réplique est un bijou.
Alors rions. Encore et toujours. Pour ne pas pleurer.
Denise Chalem, 1ère vice-présidente de la SACD
Photo : © LN Photographers/SACD
Mots en scène
Le 21 novembre 2013, Eric Assous était l'invité de la SACD pour un numéro de Mots en scène consacré à son oeuvre dramatique. Nous vous proposons de revoir l'intégralité de cette rencontre animée par Olivier Barrot, en vidéo :
Partie 1
Partie 2
Partie 3
Partie 4