Financement de la musique : le rapport Bargeton vise juste
La SACD partage très largement les conclusions et propositions du Sénateur Bargeton, qu’elle félicite pour la qualité de son travail, et qui vient de rendre public le rapport que lui avait commandé la Première ministre pour réfléchir « au financement des politiques publiques en direction de la filière musicale ».Après 3 années d’existence, il est plus que temps de donner au Centre National de la Musique les moyens nécessaires et adaptés pour mieux structurer et développer l’action publique en direction de la musique, du spectacle vivant musical et de l’humour. A l’instar de celui du Centre National du Cinéma - dont la politique ambitieuse de soutien à la création et à la diffusion des œuvres audiovisuelles et cinématographiques repose sur des outils de financement propres, dynamiques et qui ont toujours mis à contribution les diffuseurs des œuvres, quels qu’ils soient - le financement du CNM doit rentrer dans l’ère de la modernité.
Compter sur les seules ressources budgétaires et celles issues de la taxe sur les spectacles de variété condamnerait le CNM à une forme d’immobilisme, sans rapport avec les enjeux importants de soutien à une création très diversifiée, tant dans la musique que dans le spectacle vivant. Le faire reposer sur des ressources temporaires (comme la taxe sur les services numériques) ou dont le caractère aléatoire ne garantit ni indépendance ni pérennité ne serait pas plus sérieux.
Dans ce cadre, la proposition de M. Bargeton de soumettre à contribution les opérateurs de streaming, payants comme gratuits, constitue la seule démarche permettant d’assurer pérennité et dynamisme des ressources et de construire un modèle de financement juste basé sur la mutualisation.
En revanche, la SACD considère que fixer le taux de cette contribution sur le streaming à hauteur de 1,75% n’est pas suffisamment ambitieux et gagnerait à être relevé pour préparer la musique à porter des politiques plus fortes en faveur tant de la musique, dans ses différents genres, que du spectacle vivant. Alors que la période du COVID a fortement perturbé le spectacle vivant, tout comme le déploiement du CNM, qui a su néanmoins se montrer rapidement indispensable et très efficace pour aider et soutenir l’ensemble des professionnels, dont les auteurs, la perspective de ces nouveaux financements marquerait une nouvelle étape essentielle.
Ils pourraient s’accompagner, comme le suggère le rapport, d’une montée en charge du CNM sur sa mission d’observation du secteur, talon d’Achille de l’ensemble du spectacle vivant sur lequel le ministère de la Culture doit s’engager fortement. La transparence doit être totale afin que la promesse d’un observatoire du spectacle vivant issu de la Loi Création de 2016 devienne enfin une réalité.
Ces nouveaux moyens doivent aussi s’accompagner d’une réflexion à mener collectivement sur les dispositifs d’aide à mettre en œuvre pour accompagner les priorités, dans lesquels le soutien aux auteurs de musique, de théâtre musical et d’humour doit trouver toute sa place.
Enfin, M. Bargeton rappelle à juste titre les préconisations du rapport de Pascal Bois et Emilie Cariou en faveur d’une gouvernance centrée autour d’un conseil d’administration moins pléthorique et plus resserré.
De nouveaux moyens, des objectifs consolidés, une gouvernance repensée : ce rapport trace des perspectives intéressantes pour l’avenir de la musique et du spectacle vivant musical.