Elections européennes : parce que la culture est capitale
Dans moins de 80 jours, nous aurons un nouveau Parlement européen. Il est temps que les candidates, les candidats et les têtes de liste des partis se saisissent sans tarder des enjeux pour la culture et la création et mettent leurs propositions et engagements en débat.Pourquoi ?
Parce que les auteurs et autrices ne veulent pas que l’avenir de la culture soit invisible dans une campagne électorale pourtant cruciale pour notre avenir commun.
Parce que le silence actuel sur les engagements culturels des partis politiques au niveau européen est source d’inquiétude.
Parce que la SACD est convaincue, comme Jacques Delors, qu’« on ne tombe pas amoureux d’un grand marché ».
Parce que l’Europe doit s’enrichir de sa diversité, de ses cultures, de sa créativité pour réunir ses citoyens. La création européenne est une force pour l’Europe pouvant aussi contribuer à son dynamisme économique et à son unité à l’heure du retour de la guerre sur le continent européen.
Parce que la mobilisation des pouvoirs publics et politiques français, y compris les députés européens, est un préalable indispensable au maintien d’une ambition culturelle forte en Europe.
Parce que les multiples enjeux auxquels les créateurs sont confrontés ne trouveront pas de réponse satisfaisante dans les replis nationaux. L’exception culturelle, qu’il faut arrêter d’appeler « française », est profondément européenne et seules des politiques engagées au niveau européen pourront apporter les protections et les soutiens nécessaires aux défis de notre monde.
Parce que la révolution numérique, avec le développement des plateformes numériques et aujourd’hui, avec le déploiement de l’intelligence artificielle, a ouvert la porte à de nombreux défis. La directive sur les services de médias audiovisuels en 2018, la directive sur le droit d’auteur en 2019, et le règlement sur l’IA en 2024 ont apporté des premières réponses. Elles ne seront, de toute évidence, pas suffisantes pour répondre aux conséquences de cette révolution.
Parce qu’il serait faux de penser que les questions soulevées par l’IA se résument seulement aux risques de désinformation ou à son potentiel de croissance économique sans envisager les impacts sur l’avenir de la création humaine.
Parce que face au contournement des droits des auteurs et à la négation de leur droit à une rémunération proportionnelle dans beaucoup de pays, le législateur européen ne peut rester inactif.
Parce que la régulation des plateformes numériques en faveur de la création européenne et qui permet de mieux financer et exposer les oeuvres audiovisuelles et cinématographiques européennes a face à elle des adversaires motivés à les remettre en cause.
Parce que la création audiovisuelle et cinématographique européenne représente des actifs culturels stratégiques dont l’Europe doit impérativement organiser la protection.
Parce que, confrontés à ces nouveaux défis, l’Europe doit être impérativement au rendez-vous d’une triple exigence : garantir sa souveraineté culturelle, protéger ses créateurs et soutenir sa création.
Parce que ces grands enjeux n’appellent pas de grandes paroles mais des engagements concrets et précis et qu’à 80 jours d’une élection cruciale, il serait temps de connaître l’Europe de la culture que veulent dessiner chacun des partis en lice.